Le gouvernement français, sous l’impulsion du Premier ministre Michel Barnier, a annoncé une série de mesures pour lutter contre les violences faites aux femmes, dans le cadre de la Journée internationale de lutte contre le fléau, ce 25 novembre 2024. Ces annonces interviennent en pleine résonance avec le procès des viols de Mazan, une affaire marquante impliquant une cinquantaine d’accusés, et dans un contexte où les associations dénoncent l’insuffisance des actions gouvernementales.
Des kits de détection pour lutter contre la soumission chimique
L’une des principales mesures annoncées concerne l’expérimentation de kits de détection de soumission chimique, qui seront remboursés par l’Assurance maladie. Ces kits visent à identifier rapidement les substances psychoactives administrées à l’insu des victimes, facilitant ainsi les preuves judiciaires après une agression présumée. Cette initiative répond à une demande pressante de la députée MoDem Sandrine Josso, elle-même victime de soumission chimique et engagée dans une mission dédiée à ce sujet. L’expérimentation sera lancée dans plusieurs départements, bien que le calendrier reste à définir. Cette mesure symbolise une avancée significative pour lutter contre une méthode d’agression souvent difficile à prouver.
Faciliter le dépôt de plainte dans les hôpitaux
Une autre initiative majeure est l’élargissement de la possibilité de déposer plainte dans tous les hôpitaux disposant d’un service d’urgences ou gynécologique, une généralisation prévue d’ici fin 2025. Ce dispositif, décrit par Michel Barnier comme « une main tendue » aux victimes, vise à réduire les obstacles administratifs et psychologiques souvent rencontrés lors des démarches judiciaires. Cette initiative fait écho à la nécessité de simplifier l’accès à la justice pour les femmes victimes de violences, souvent découragées par la complexité des procédures actuelles.
Renforcement des Maisons des femmes et des aides financières
D’ici fin 2025, chaque département français sera doté d’une Maison des Femmes, des lieux spécialisés dans l’accueil et le soutien des victimes de violences. Par ailleurs, le gouvernement prévoit d’allouer 7 millions d’euros supplémentaires pour la mise à l’abri des victimes, couvrant notamment les frais de départ du domicile conjugal. Cette enveloppe s’ajoute au dispositif d’aide universelle d’urgence, dont le budget passera de 13 millions à 20 millions d’euros en 2025. Depuis sa mise en place fin 2023, cette aide a déjà bénéficié à 33 000 victimes, offrant un soutien financier crucial pour leur reconstruction.
Campagne de sensibilisation et évolution législative
Une campagne d’information sur la soumission chimique sera également lancée pour sensibiliser le public à ce « nouveau fléau ». Cette initiative, soutenue par l’association M’endors pas et le Centre de référence sur les agressions facilitées par les substances (Crafs), vise à mieux informer les victimes potentielles des démarches à entreprendre en cas de suspicion d’agression.
Sur le plan législatif, le Premier ministre a ouvert la porte à une éventuelle redéfinition du viol dans la loi française. Actuellement, la notion de consentement n’y est pas explicitement mentionnée, une lacune mise en lumière par le procès de Mazan. Ce procès, qualifié par Michel Barnier comme un événement marquant « un avant et un après », pourrait ainsi entraîner des évolutions profondes dans le cadre juridique des violences sexuelles.
Un contexte préoccupant et des efforts encore attendus
Les annonces du gouvernement interviennent alors que les chiffres des violences conjugales en France demeurent alarmants. En 2023, 93 féminicides ont été recensés et 270 000 personnes ont déclaré avoir été victimes de violences conjugales, dont 85 % sont des femmes. Malgré les initiatives présentées, les associations restent critiques, dénonçant l’écart entre les déclarations politiques et les moyens effectivement alloués. Le milliard d’euros réclamé par les collectifs féministes pour une prise en charge globale des victimes n’a toujours pas été intégré aux priorités budgétaires.
Michel Barnier reconnaît lui-même que la lutte contre les violences faites aux femmes est un « chemin très long » nécessitant des efforts soutenus. Ces mesures, bien que significatives, ne représentent qu’une étape dans un combat qui reste à intensifier pour répondre aux attentes des associations et des victimes.
En somme, ces annonces, bien qu’importantes, traduisent un engagement du gouvernement face à un problème de société majeur, tout en laissant entrevoir la nécessité de moyens plus ambitieux pour parvenir à des résultats durables.