Afin de répondre aux objectifs énoncés dans le cadre du Grenelle des violences conjugales, une vingtaine de formations vont être dispensées à près de 300 policiers et gendarmes normands pour améliorer l’accueil des victimes.
La première session de ces formations a eu lieu, le mercredi 11 décembre 2019, à la compagnie de gendarmerie d’Argentan.
« J’attends d’avoir les clés pour aider les femmes qui ne veulent pas parler, à franchir le pas et porter plainte. » Interrogés individuellement sur leurs attentes, les quatorze participants, membres de la gendarmerie ou de la police dans l’Orne, expriment le même souhait : celui de mieux accueillir les victimes de violences conjugales.
Des chiffres « alarmants »
C’est tout l’enjeu de cette formation, préconisée dans le cadre du Grenelle des violences conjugales, lancé en septembre par le gouvernement, et dont les conclusions ont été rendues le 25 novembre. En Normandie, près de 300 référents des forces de l’ordre sont concernés par cette action, accompagnée par la Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes.
« L’objectif est de sensibiliser et outiller les référents afin qu’ils puissent eux-mêmes aider leurs collègues, explique Alice Loffredo, sa directrice déléguée. L’accueil des victimes se doit d’être exemplaire. »
Et pour cause, la région n’est pas épargnée par ce phénomène, notamment l’Orne, qui figure parmi les dix départements les plus touchés sur le territoire national. « Les chiffres sont alarmants concernant les féminicides sur notre territoire, déplore Christine Royer, sous-préfète d’Argentan. À l’échelle européenne, la France figure en deuxième position, ce qui n’est pas tolérable. »
Aider les victimes à libérer leur parole
Ainsi, onze référents de la gendarmerie et trois correspondants violences intrafamiliales de la police nationale ont suivi la première session régionale, dans les locaux de la compagnie de gendarmerie d’Argentan.
Celle-ci doit leur permettre un renforcement de leur expertise dans la prise en charge des victimes et leur orientation vers des structures associatives.
« Pour cela, l’identification des différentes formes de violences conjugales et des principaux mécanismes psychologiques en jeu sont primordiaux », note Nathalie Perringeard, juriste et victimologue au CIDFF du Calvados.
Un point noir auquel se heurtent encore les forces de l’ordre. « La difficulté, c’est que nous sommes impuissants face à beaucoup de femmes qui ne portent pas plainte par peur de représailles ou de chantage alors que 50% de nos mains courantes sont liées à des conflits intrafamiliaux », souligne le commandant Derouinot, directeur adjoint à la Direction départementale de la sécurité publique. « Une fois le volet judiciaire traité , on se sent démuni », rebondit une gendarme.
Si des dispositifs ont été mis en place à disposition des agents et agentes dans le département, comme une grille d’évaluation du danger ou la mise en place de trois intervenantes sociales en zone gendarmerie pour l’accueil des victimes, d’autres vont voir le jour dans l’Orne, comme une cellule opérationnelle contre les violences intrafamiliales et un comité de pilotage sur les violences faites aux femmes.
Depuis le début de l’année, 142 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint.
Source : Ouest-France.
Photo : Ouest-France.
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