200 gendarmes mobilisés
C’est une opération judiciaire de grande envergure qui a démarré tôt mercredi 8 juin dans le cadre des enquêtes préliminaires ouvertes par le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) sur le groupe privé Orpéa. Au cœur de la tempête, le géant des maisons de retraites est soupçonné notamment de maltraitance institutionnelle et de détournements de fonds publics, dans sa gestion des Ehpad, depuis la parution fin janvier, chez Fayard, du livre enquête de Victor Castanet, Les Fossoyeurs.
Environ 200 gendarmes ont investi le siège social du groupe à Puteaux (Hauts-de-Seine) ainsi qu’une vingtaine de directions régionales du groupe sur l’ensemble de la France. Ces perquisitions sont coordonnées par les enquêteurs de la section de recherches de Versailles, en charge de la direction des investigations.
Le parquet de Nanterre a lancé ces derniers mois plusieurs enquêtes. Une première relative à des suspicions de « faux et usage de faux », et d’« infraction à la législation sur le travail en recourant abusivement à des contrats à durée déterminée », avait été ouverte dès février À la suite d’un signalement du gouvernement, elle a été élargie à des suspicions de détournement de fonds publics et de maltraitance institutionnelle.
Le premier pan concerne la situation sanitaire dans les établissements. Elle a été ouverte après l’enquête administrative de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), qui a notamment « fait apparaître que les grammages utilisés par les cuisiniers des Ehpad Orpéa sont significativement en deçà » des références établies pour l’alimentation des seniors. Elle a aussi mis en avant l’absence régulière de « collation nocturne » et « des durées de jeûne nocturne supérieures au plafond recommandé de douze heures ».
Plusieurs auditions ont déjà été menées
Des éléments qui, comme le rationnement des couches à destination des pensionnaires des Ehpad, avaient été largement documentés par Victor Castanet dans son ouvrage « les Fossoyeurs ». Une cinquantaine de plaintes portant sur d’éventuelles situations de maltraitance ont été reçues dans ce cadre par le parquet de Nanterre. Reste désormais aux gendarmes à qualifier ces faits et à établir l’existence, ou non, d’un système organisé de maltraitance visant à réaliser des économies.
L’autre interrogation de la justice et des enquêteurs concerne le fonctionnement financier du groupe Orpea. Se basant sur un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF), la justice se demande si le groupe n’aurait pas émis des déclarations d’embauche insincères pour obtenir des remboursements avec des fonds publics. Dans son livre, Victor Castanet a par ailleurs évoqué l’existence d’un système d’étranges remises réclamées par Orpea à ses fournisseurs.
SOURCE : LE PARISIEN