La Justice américaine a annoncé l’arrestation, en collaboration avec la gendarmerie française, du fondateur et principal propriétaire de Bitzlato, une plateforme russe accusée d’avoir blanchi plus de 700 millions de dollars de crypto-actifs illicites émanant de gangs de rançongiciels, mais aussi et surtout de la place de marché russe Hydra de vente de drogues sur le dark web.
Fondateur de la plateforme, Anatoli Legkodymov, un Russe de 40 ans vivant en Chine, a été interpellé en pleine nuit à Miami, en Floride, dans le cadre d’un vaste coup de filet annoncé conjointement à Washington et Paris.
Menotté et les pieds entravés, il a été présenté à une juge fédérale qui l’a informé de son inculpation pour « activité non autorisée de transmission d’argent », un chef d’inculpation passible de cinq ans de prison. Mentionnant un « risque de fuite », les procureurs ont demandé son maintien en détention.
Cinq autres hommes, essentiellement de nationalités russe et ukrainienne, ont été arrêtés en Espagne au Portugal et à Chypre, dans le cadre d’une opération pilotée par des gendarmes français.
Tous sont soupçonnés d’avoir participé à la création et au développement de la plateforme russophone Bitzlato, qui permet « la conversion rapide de cryptoactifs de type bitcoins, ethereum, litecoins, bitcoins cash, dashs, dogecoins et tether USD en roubles », a précisé la procureure de Paris Laure Beccuau dans un communiqué.
TRAHI PAR SES FACTURES
Anatoly Legkodymov, un Russe de 40 ans qui vivait à Shenzhen, en Chine, a été arrêté avec l’aide de la gendarmerie française. Cinq autres cadres dirigeants de la plateforme avaient été interpellés en Europe, ainsi que 16 millions d’euros d’avoirs criminels saisis en France.
Fondé en 2016 à Hong-kong, Bitzlato « utilisait au moins un hébergeur en France auprès de qui la société louait des serveurs dédiés », explique le parquet de Paris dans un communiqué.
Marc Boget, le patron des cybergendarmes, précise que l’enquête internationale aurait été pilotée par une cellule française, qu’elle aurait mobilisé 250 enquêteurs, dont cinquante gendarmes français.
Bitzlato ne respectait pas les règles de luttes contre la fraude, à commencer par celle du KYC (pour « Know Your Customer »), et savait pertinemment que nombre de ses clients utilisaient de fausses identités et se servaient de la plateforme pour vendre ou acheter sur Hydra.
La plateforme avait reçu 2,5 milliards de dollars en crypto-actifs entre 2019 et 2023, dont 26 % émanaient de circuits « illicites », et 27 % « risqués », et 32 000 dollars de groupes paramilitaires russes.
On ne sait pas encore pourquoi le cyberdélinquant russe s’était rendu aux États-Unis, en octobre dernier, d’où il continuait à gérer Bitzlato. Mais l’acte d’inculpation indique que le douanier qui avait vérifié son téléphone portable y avait trouvé des chats le reliant à Bitzlato. Celui qui se faisait surnommer « Gandalf » encourt un maximum de cinq ans de prison.
SOURCE : NEXT INPACT