Vaste offensive
«Une action massive et forte» contre le séparatisme. Ce jeudi 3 novembre, moins d’une semaine avant la présentation en Conseil des ministres du projet de loi «confortant les principes républicains», le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, va, selon nos informations, lancer une vaste offensive contre les mosquées et les salles de prières à risque. En mobilisant à cette fin l’ensemble des préfets, qui pourront s’appuyer sur une note de Beauvau relative aux «lieux de culte musulmans séparatistes» et à la conduite à tenir en la matière.
Prochaines fermetures possibles
Ce document, en date du 27 novembre dernier, que Le Figaro s’est procuré, révèle que 76 lieux de culte, 16 en région parisienne et 60 dans le reste de la France, vont être particulièrement surveillés et contrôlés. Sur ces 76, 18 vont même être visés par des «actions immédiates» à la demande du ministre de l’Intérieur. Avec, en perspective, une possible et prochaine fermeture.
Sur ces 18 «cibles», trois se trouvent dans le département de la Seine-Saint-Denis. L’une d’elles a ignoré la décision de fermeture prise par le maire de la commune : la deuxième, fermée officiellement en 2019, a continué à organiser des prières et la dernière a été visée par un avis défavorable de la commission de sécurité, sans que l’État vérifie la fermeture effective de la mosquée. Sur les 15 autres cibles prioritaires, 5 sont situées en grande couronne parisienne ou à proximité immédiate de l’Île-de-France (3 dans le Val-d’Oise, une en Seine-et-Marne et une dans l’Oise) et 10 en région (dont 2 dans l’Hérault, 2 en Vaucluse, le reste notamment en Haute-Garonne, Moselle, Nord, Bas-Rhin, Var).
Un travail de «déstabilisation administrative»
Les 58 autres mosquées ou lieux de culte dans le collimateur de la Place Beauvau vont, d’ici à la fin de l’année, être visés par des actions portant «sur les structures et les équipes qui les animent et/ou qui les fréquentent.
Ce travail de «déstabilisation administrative» pourra aussi recourir, si nécessaire, aux dispositions du droit des étrangers, aux visites domiciliaires ou à l’inscription au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste. Et les préfets ont pour mission de mettre à jour la liste des cibles, pouvant aller au-delà des 76 visées pour l’heure.
Ce coup de pied dans la fourmilière, quasi inédit par son ampleur, n’est rendu possible que grâce à un changement de paradigme impulsé par Gérald Darmanin, dès son arrivée Place Beauvau.
« Les mosquées non affiliées dans le collimateur »
Lanote de Beauvau s’inquiète du «nombre croissant de mosquées se déclarant désormais “non affiliées”, catégorie en réalité mal connue et pouvant dissimuler des lieux de culte souhaitant délibérément passer inaperçus».
« Dès ma prise de fonction à Beauvau, j’ai demandé que l’on change de classification pour pouvoir identifier les lieux séparatistes qui ont déclaré la guerre à la République et à ses valeurs», confie Gérald Darmanin. Le prisme nouveau mis en place est présenté dans l’entourage du ministre comme une «révolution», puisqu’il permet désormais de cibler les sites «douteux» prônant l’islam politique et la haine en fonction de critères partant de la «réalité du terrain».
«Jusqu’ici, l’État s’intéressait à la radicalisation et au terrorisme, résume Gérald Darmanin. Maintenant, on va aussi s’attaquer au terreau du terrorisme, où se trouvent des gens qui créent un espace intellectuel et culturel pour faire sécession et imposer leurs valeurs.» Pour centraliser la traque, le ministre a décidé de confier le suivi des mosquées et des salles de prières au seul Service central du renseignement territorial. L’exécutif ne compte pas relâcher la pression. Car, comme le souligne la note aux préfets, «l’action contre les lieux de culte séparatistes» portera «demain contre les structures associatives scolaires, périscolaires, culturelles et caritatives rattachables à ce même mouvement». À terme, c’est tout un écosystème qui va être passé au crible.
SOURCE : LE FIGARO