« Considérer que des gendarmes vont s’opposer à des secours, mais c’est même plus qu’indécent », a dénoncé Christian Rodriguez, sur France info, ce jeudi 30 mars.
Entretien :
France info : La Ligue des droits de l’homme a diffusé l’enregistrement d’une conversation téléphonique entre un médecin qui tente de coordonner les secours à distance et un membre du Samu. Enregistrement qui laisse penser que les secours n’ont pas eu le droit d’aller soigner l’un des hommes qui se trouve aujourd’hui dans le coma. Avez-vous empêché les secours d’intervenir ?
Général Christian Rodriguez : Je trouve ça ahurissant. Je trouve ça ahurissant parce que dans un premier temps, quand il a une manifestation, il y a des organisateurs et les organisateurs organisent et notamment la façon dont les secours interviennent. Ça n’a pas été le cas. Et bien que la manifestation ait été interdite, pour autant la préfète a appelé les organisateurs et les a sollicités pour essayer de voir comment on pouvait organiser au mieux les choses. Considérer que des gendarmes vont s’opposer à des secours, mais c’est même plus qu’indécent.
Est-ce qu’il y a pu avoir ordre de la gendarmerie de ne pas intervenir pour que les secours ne soient pas menacés ?
C’est même la polémique que je ne comprends pas en réalité. Et là aussi, ça a été dit, ça a été écrit. Quand il y a une situation qui est compliquée, on évite de mettre les secours en difficulté. Mais ça, l’enquête le déterminera. On est quand même dans un monde où les pompiers nous demandent d’être présents quand ils interviennent dans certaines situations parce qu’ils vont éteindre les incendies, ils sont caillassés. Concrètement, les secours doivent être protégés.
On peut avoir à un moment donné une situation qui est tellement compliquée -c’était le cas à Sainte-Soline- qu’il faut éviter que les secours y aillent.
Dans l’enregistrement, le coordinateur du Samu affirme que les médecins militaires présents sur place n’ont pas vocation à soigner les civils, qu’ils ne sont là que pour aider les forces de l’ordre. Que répondez-vous ?
C’est totalement faux. Les médecins sont là pour soigner et pour intervenir. Et ils l’ont fait et ils l’ont fait
sous les jets, sous le caillassage de Black Blocs qui étaient présents et qui ne voulaient pas que ces médecins de gendarmerie interviennent.
Le week-end dernier dans les Deux-Sèvres il y avait 3 200 hommes, neuf hélicoptères, 25 000 grenades lacrymogènes utilisées. Est-ce qu’il fallait tout cela pour défendre « un trou », comme le disent les associations présentes ?
C’est une bonne question en fait. Concrètement, ce n’est pas qu’un trou. Il y a un État de droit qui prévoit qu’on n’a pas le droit d’attaquer quelque chose qui appartient à quelqu’un d’autre. C’est un peu à nous de faire respecter la loi. Ce n’est même pas une manifestation, c’est un attroupement.
On a quand même des gens qui essaient de nous découper les véhicules de la gendarmerie qui étaient postés là.
Il y a une question également sur l’utilisation des quads par la gendarmerie. Le ministre de l’Intérieur a reconnu qu’il y avait eu des tirs de LBD depuis les quads alors que c’est interdit. Comment vous expliquez ce qui s’est passé ?
On a également une enquête sur place. J’attends les réponses. Etait-ce de la légitime défense ? S’il y a eu des fautes qui ont été commises, elles seront sanctionnées. J’ai aussi vu des images de deux gendarmes sur un quad, poursuivis par des gens avec des haches dans les mains. Je n’ose à peine imaginer ce qui se serait passé si les gendarmes avaient basculé au milieu de cette foule qui venait avec des moyens qui sont plus dangereux que ceux dont nous disposons.