Un gendarme, ça inspire confiance, forcément ! Alors on comprend que plusieurs habitants du département aient été trompés par cet homme de 40 ans qui comparaissait hier devant le tribunal d’Agen (Lot-et-Garonne).
Il n’en était pas à son coup d’essai en matière d’escroquerie puisque son casier judiciaire comporte déjà 18 mentions du même genre depuis 1996, avec une donnée quasi constante : l’utilisation d’un uniforme de la gendarmerie.
Parfois ce faux gendarme s’en prend à des professionnels, comme ce garagiste du Fumélois auquel il achète un véhicule pour 9.500 euros, payé
avec un chèque sans provision. Il restitue le véhicule, quand la banque refuse le chèque, mais il a fait entre-temps 4.500 km.
Parfois des particuliers sont victimes du faux militaire.
Une dame lui achète un ancien véhicule de la gendarmerie, qu’il a acquis quelques jours plus tôt, en le payant comme les autres, avec un chèque en bois. Le véhicule fonctionne mal, elle n’en veut plus, il lui fait un chèque pour la rembourser, sans provision lui aussi.
Le certificat de cession ? Il l’a signé lui-même, comme s’il était mandaté par le garage. Il achète sur internet une parka de la gendarmerie en se faisant passer cette fois pour un réserviste.
Naturellement, elle est payée avec le moyen habituel. Il a 15 comptes
bancaires, aucun n’est approvisionné, il a même l’interdiction d’émettre des chèques ! Pourtant il a un travail, il est ambulancier.
Gendarme c’est «son délire» !
On pourrait croire à une escroquerie classique et à l’utilisation de l’uniforme pour attirer la confiance de ses victimes, mais les choses sont plus complexes.
Comme il l’explique à l’audience, il se fait passer pour un gendarme auprès de tout le monde, c’est «son délire» : même sa nouvelle compagne pensait qu’il était gendarme. Il s’habillait en gendarme le matin pour partir, et remettait son uniforme le soir, à la fin de son travail d’ambulancier.
Pourquoi ? «Pour être un autre, peut-être», dit-il. La perquisition, chez lui, permet de trouver quantité de vêtements et d’accessoires de la gendarmerie. Il dit être bipolaire, ce qui est confirmé par les psychiatres, mais ceux-ci notent dans leurs rapports que le fait qu’il se déguise en
gendarme pour escroquer les gens n’a rien à voir avec la bipolarité, et qu’il est donc responsable de ses actes.
Il sera cette fois, condamné.
Il n’avait pas commis de délit depuis 2011 mais en février dernier il a appris que sa compagne d’alors le trompait et qu’elle maltraitait leur enfant en son absence. Le choc le replace en phase de crise, il arrête son traitement, et «ses délires» comme il les nomme lui-même reprennent.
Étant donné son casier chargé, il a cette fois été condamné à 3 ans de prison, dont 18 mois avec sursis. Il avait aussi au-dessus de la tête un sursis
de 6 mois, qui a été révoqué.
Source : Le petit bleu d’Agen.
Photo : Le petit bleu d’Agen.