Ce dimanche 30 août, à Pouldreuzic (29), une marche blanche a été organisée en mémoire d’Helouri, 19 ans, tué d’un coup de couteau. L’agresseur présumé n’a que 16 ans. Des agressions au couteau qui se multiplient avec des protagonistes de plus en plus jeunes.
Tout au long de l’été, en Bretagne, comme dans le reste de l’Hexagone, ce type d’agression a enregistré une forte hausse lors de rixes impliquant de plus en plus de mineurs et de jeunes majeurs.
En un mois, les policiers et gendarmes bretons sont intervenus au mois une quinzaine de fois pour ce genre de faits (lire « En un mois, une douzaine de blessés et trois morts »). « Que ce soit en zone gendarmerie ou police, c’est exact qu’il y a une recrudescence de ce genre de faits plus ou moins graves », constate-t-on au groupement de gendarmerie du Finistère. « La violence monte crescendo, confirme Yoann Leandri, secrétaire régional adjoint police à l’Unsa. Avant, on donnait une claque ou un coup de poing ; maintenant, c’est un coup de couteau. »
Ils sortent leur couteau pour un rien
Quelles sont les causes de ces agressions ? « Généralement, ce sont des disputes qui tournent mal et sur fond d’alcool », répond Yoann Leandri. D’autres sortent leur couteau pour un rien, comme l’a constaté Maurice Berger, pédopsychiatre, psychanalyste et ancien professeur associé à la psychologie de l’enfant (2). « J’observe une nouvelle forme de violence de plus en plus fréquente : des individus sortent seuls ou en groupe, parfois armés d’un couteau, avec l’envie de se battre et vont chercher n’importe quel prétexte pour le faire, comme un refus prévisible de cigarette, témoigne-t-il ainsi dans Le Figaro du 26 août.
Dans les centres de jeunes délinquants où j’ai travaillé, on m’a rapporté fréquemment une méthode consistant à ennuyer une jeune fille en l’insultant et en commençant à la toucher, si bien que son compagnon ou un témoin est obligé de s’interposer, ce qui donne un « motif » pour le frapper, comme si c’était lui qui avait commencé ».
« Avant, on donnait une claque ou un coup de poing ; maintenant, c’est un coup de couteau. »
La période de déconfinement a également provoqué une hausse des incivilités avec la présence de nombreux mineurs non accompagnés. À la tête de trafic de stupéfiants, des réseaux mafieux emploieraient aussi des migrants mineurs. Sans oublier les conflits entre bandes rivales, un phénomène qui s’amplifie, notamment dans les grandes villes.
« Une justice plus ferme »
Alors que faire ? « Il y a de moins en moins de dialogue, déplore Yoann Leandri. Au niveau de la police, on fait notre maximum. Il faut aussi savoir qu’une heure de nuit dans la police, c’est moins d’un euro de majoration, et tout ça en prenant de plus en plus de risque, car c’est généralement la nuit que se produisent les agressions. Ce n’est plus possible. Il faudrait que la justice soit plus ferme et plus sévère, mais on ne pourra empêcher personne de prendre un couteau. »
SOURCE : Le TELEGRAMME
Crédit Photo : Sputnik