A Lyon, les élus écologistes se révèlent incapables de prendre ces sujets à bras-le-corps, d’où le récent clash avec Gerald Darmanin, ministre de l’Intérieur. Comment lutter contre l’insécurité quand il n’y a aucun dialogue entre les élus et les représentants de l’Etat ?
Mettons la politique à part. La responsabilité de l’État n’est pas la responsabilité des mairies. Elles jouent un rôle d’ordre public, de caméras, de police municipale. Comme on a réduit les effectifs de la police nationale et de la gendarmerie, les municipalités qui en avaient les moyens, se sont débrouillées pour combler le vide. Mais il faut avoir le courage de l’assumer. Soit on est dans un système régalien soit on ne l’est pas. Vous savez combien la gendarmerie a perdu de brigades ? Avant la mise en place de la RGPP, il y avait 3600 brigades. La gendarmerie en est à 3000 actuellement.
600 communes ont perdu leur brigade ?
Ce sont 600 communes qui ont perdu des effectifs. Et en même temps, on vous explique que l’on va vous en remettre 200. Mais il y a plus de chance que ce soit des mobiles plutôt que des brigades implantées territorialement. Or, il n’y a pas de sécurité sans présence physique, sans oreille ou renseignement. On pourra faire tout ce que l’on veut, tout le retard que l’on a perdu ne répondra pas à la question douloureuse : comment fait-on actuellement ?
« Il n’y a pas de sécurité sans présence physique, sans oreille ou renseignement »
Comment soigner ce mal s’il n’y a plus de dialogue ? On le voit très bien à Lyon, le maire ayant boycotté le déplacement du ministre de l’Intérieur.
Le maire de Lyon fait preuve d’une irresponsabilité politique totale. J’espère que les citoyens qui ont un bulletin de vote s’en souviendront. On voit trop d’âneries autour de la responsabilité qui est celle d’un maire par rapport à ses administrés pour considérer qu’il soit normal que pour des raisons politiques, on ne reconnaisse pas la présence de l’État quand elle est là. Simplement, par idéologie, ça n’a pas de sens. Fort heureusement, pendant des années, quel que soit le bord politique, il y avait cette reconnaissance de celui qui avait le pouvoir et qui détenait les rênes. La personne qui ne veut pas le voir est irresponsable et n’est pas digne de la fonction qu’elle occupe. Les politiques changent, la police et le continuum pour les citoyens restent.
Comment réduire l’insécurité avec un maire qui possède un tel comportement ?
Je ne vais pas faire de la politique à la place de ceux qui ont voté pour lui. Il y aura des échéances électorales, et il y aura de quoi dire. Il ne faut jamais personnaliser les problèmes. Je le comprends pour l’insécurité, il est spécifique à Lyon et à ses quartiers difficiles. Mais on le retrouve un peu partout, et ce n’est pas le rôle du maire d’être à la place de l’État. On ne peut pas faire des opérations ponctuelles pour dire : « Braves gens la police veille sur vous » ! Il faut la présence de l’État.
Les métiers de la sécurité connaissent un gros problème de recrutement. Comment motiver les jeunes à s’engager dans la gendarmerie, la police municipale voire nationale ?
Il faut rétablir le contact avec la population. Par exemple, la police ou la gendarmerie organisent d’elles-mêmes des rencontres. Il faut que les jeunes puissent rencontrer ces officiers dans certaines circonstances, qu’ils les voient autrement qu’en tenue bleue. Cette approche plus humaine est possible à petit niveau. Le volontariat est aussi un problème. Avant il y avait beaucoup de jeunes qui s’impliquaient auprès d’autres jeunes. Aujourd’hui, c’est plus difficile, les gens cherchent avant tout à gagner de l’argent.
Source Lyon People / crédit photo Photos Archives Cdt Prouteau