Cette force d’intervention d’élite est passée d’une unité de 18 membre à l’époque, à une force d’un millier d’hommes et de femmes aujourd’hui.
À l’occasion de cet anniversaire, retour sur trois opérations emblématiques qui ont marqué la légende du GIGN.
Loyada 1976 : le sauvetage d’enfants en plein désert
L’une des premières missions notoires du GIGN remonte à 1976, à Djibouti. Un bus scolaire transportant 31 enfants de militaires est pris en otage puis détourné jusqu’à Loyada, à la frontière somalienne. Sous le commandement de Christian Prouteau, fondateur du GIGN, neuf membres de l’unité se rendent sur place pour neutraliser les preneurs d’otages, censés être trois au départ. Cependant, la situation se complique lorsque le nombre de terroristes augmente, atteignant finalement huit, en collusion avec des militaires somaliens.
Une fenêtre d’opportunité se présente, et cinq preneurs d’otages sont abattus. Cependant, l’opération est marquée par des tirs ennemis intenses, causant la mort de deux fillettes et des blessés. Bien que la mission soit considérée comme un succès, Christian Prouteau la qualifie de « plus douloureuse » de son histoire, soulignant la perte de deux vies et les séquelles pour d’autres.
Ouvéa 1988 : La grotte de l’enfer
En 1988, le GIGN intervient en Nouvelle-Calédonie, confronté à une prise d’otage complexe dans un contexte politique tendu. Le commandant de gendarmerie Philippe Legorjus prend contact avec les preneurs d’otages, mais les autorités parisiennes décident d’annuler une possible négociation, privilégiant un assaut. L’opération se solde par 19 morts côté kanak et deux côté militaire, suscitant des controverses quant à la décision d’assaut. Des dissensions apparaissent également sur la gestion de l’opération entre Legorjus et Christian Prouteau, conseiller de François Mitterrand.
Marignane 1994 : 54 heures d’angoisse
Le GIGN intervient lors du détournement d’un vol Alger-Paris en 1994. Après 54 heures d’angoisse et la mort de deux otages, le Premier ministre Edouard Balladur propose l’appui de la France. Le GIGN se positionne à Marignane, où l’avion atterrit. Les tireurs d’élite interviennent avec succès, évacuant les otages indemnes et éliminant les preneurs d’otages.
Genèse du GIGN et évolution
La création du GIGN en 1974 découle de réflexions initiées après des affaires dramatiques, notamment le 5 septembre 1972, un commando terroriste palestinien prend en otage la délégation israélienne dans le village olympique de Munich. Les terroristes exigent la libération de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Après avoir abattu deux otages, ils négocient un avion pour pouvoir quitter le pays avec leurs prisonniers. La police allemande tente une opération à l’aéroport. Mal préparée, elle tourne à la catastrophe : tous les otages sont assassinés, cinq des huit terroristes sont abattus et un policier allemand est tué..
Christian Prouteau, à la tête du GIGN, a insisté sur la nécessité d’entraîner des professionnels pour éviter des drames liés à des interventions mal préparées.
Malgré des débuts où le GIGN n’était pas systématiquement sollicité, l’unité a acquis une reconnaissance nationale et internationale après la réussite de la prise d’otage de Loyada en 1976. La force d’intervention a évolué au fil des années, restant fidèle à des valeurs morales fortes telles que la préservation de la vie. Christian Prouteau, fondateur du GIGN, souligne la fierté de voir ces valeurs perdurer même après 50 ans d’existence. Le GIGN, au cours de ses cinq décennies d’existence, a forgé sa réputation à travers des interventions marquantes, parfois douloureuses, mais toujours guidées par la mission de sauver des vies au péril de la sienne.