en

Le démantèlement de Matrix, une messagerie chiffrée utilisée par des criminels

Une vaste opération policière internationale, impliquant la France, l’Espagne, l’Allemagne et la Lituanie, a conduit au démantèlement de Matrix, une messagerie chiffrée utilisée par des groupes criminels pour le trafic international de stupéfiants, d’armes et le blanchiment d’argent. Europol et Eurojust, les agences européennes de coopération policière et judiciaire, ont annoncé mardi que cette plateforme sophistiquée avait été mise hors service grâce à une enquête conjointe menée par des policiers français et néerlandais.

Un outil criminel sophistiqué

Matrix, décrite comme une « messagerie créée par des criminels pour des criminels », était une plateforme hautement sécurisée. Son infrastructure technique était plus complexe que celles des plateformes précédemment démantelées, telles que Sky ECC ou EncroChat. Elle nécessitait une invitation pour y accéder, ce qui renforçait son exclusivité et la perception de sa sécurité parmi les criminels. Les fondateurs de Matrix étaient convaincus que leur application était inviolable, mais les autorités ont réussi à contourner ces mesures grâce à une coopération internationale et à une enquête approfondie.

Les origines de l’enquête

La messagerie Matrix a été identifiée pour la première fois par les autorités néerlandaises sur le téléphone d’un homme condamné pour le meurtre d’un journaliste néerlandais en 2021. En 2022, la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) en France a ouvert une enquête, suspectant la présence de serveurs de Matrix sur le territoire français. En 2024, une « task force » franco-néerlandaise a permis de suivre les conversations des utilisateurs en temps réel, interceptant plus de 2,3 millions de messages dans 33 langues et identifiant environ 8 000 utilisateurs actifs.

Résultats de l’opération

Cette opération de grande envergure a permis d’interpeller trois personnes originaires d’Europe de l’Est, dont une à Paris et deux en Espagne. Parmi les biens saisis figurent une villa d’une valeur de 15 millions d’euros, quatre véhicules de luxe, 145 000 euros en espèces et 500 000 euros en cryptomonnaies. Au total, 970 téléphones équipés de la solution Matrix ont été découverts, ainsi qu’une quarantaine de serveurs basés principalement en France et en Allemagne, qui ont été désactivés.

En outre, les messages interceptés ont révélé des informations cruciales liées à des crimes graves tels que le trafic international de drogues et d’armes, ainsi que le blanchiment d’argent. Ces éléments renforcent l’importance de cette opération dans la lutte contre le crime organisé.

Un précédent dans la lutte contre les messageries criminelles

Le démantèlement de Matrix s’inscrit dans une série d’opérations similaires contre des plateformes utilisées par des groupes criminels. Après EncroChat en 2020 et Sky ECC en 2021, les autorités européennes ont continué à cibler les services de messagerie chiffrée. Ces plateformes, initialement perçues comme inviolables, ont été progressivement infiltrées, permettant aux enquêteurs de surveiller les communications criminelles en temps réel.

Cependant, Europol et Eurojust soulignent que chaque démantèlement est suivi de l’émergence de nouvelles plateformes. Matrix illustre cette tendance à l’innovation technologique dans le milieu criminel. Bien que des services tels que Ghost et Exclu aient également été mis hors service, le défi persiste pour les autorités, car le développement de nouvelles applications se poursuit.

Perspectives et impact

Le démantèlement de Matrix marque une avancée significative dans la lutte contre la criminalité organisée. La collaboration internationale a été essentielle pour surmonter les obstacles techniques et juridiques liés à ce type d’enquête. La commissaire Julie Benoit, cheffe des enquêtes cyber de l’Ofac, a salué ces progrès tout en rappelant que ce n’est « pas la première ni la dernière fois que les autorités parviennent à lire les messages des criminels en temps réel ».

Malgré ces succès, les enquêteurs restent confrontés à un défi perpétuel : l’adaptabilité des groupes criminels face à la surveillance accrue. La mise au jour de Matrix montre que la lutte contre les réseaux criminels ne repose pas seulement sur des moyens techniques, mais également sur une coopération internationale renforcée. Ce démantèlement envoie un message clair aux criminels : aucune plateforme n’est à l’abri de la justice.

Rédigé par pandore

Laisser un commentaire

La disparition de Morgane : le point une semaine après ?

Trafic de drogue : les gendarmes de Brest saisissent pour 210 600 euros de stupéfiants