Début 2023, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer avait décidé de lancer un commandement cyber associant la police et la gendarmerie, intitulé COMCYBER-MI
L’une des missions de COMCYBER-MI est d’analyser dans le temps le niveau de la menace cyber qui pèse sur les citoyens, les entreprises (et notamment les PME), mais également les institutions publiques.
C’est dans ce contexte que le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer vient de publier le premier rapport annuel sur la cybercriminalité. Il revient en détail sur ce phénomène qui touche les français dans leur quotidien. En effet, 9 français sur 10 ont déjà été confrontés à une situation de malveillance informatique, notamment à l’hameçonnage (pour 70% d’entre eux), mais aussi de nouvelles menaces comme le « quishing », technique exploitant de faux QR codes pour subtiliser de l’argent.
278 703 infractions liées au numérique ont été enregistrées par les forces de sécurité intérieures en 2023 (en augmentation de 9% par rapport à 2022 selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure, SSMSI).
59% de ces infractions sont des atteintes « numériques » aux biens (escroqueries, arnaques en ligne etc.), 34% sont des atteintes « numériques » à la personne, 5% sont des atteintes aux institutions.
Toutes les couches de la population sont concernées par cette cyberdéliquance et notamment les plus jeunes : 47% des victimes de préjudice financier en ligne ont moins de 44 ans. Les atteintes numériques à la personne visent pour leur part majoritairement les femmes, qui représentent 67 % du total des plaintes déposées.
Policiers et gendarmes en première ligne
L’ensemble des policiers et gendarmes sont désormais formés, et les forces de l’ordre équipées en moyens pour répondre à ces nouvelles menaces.
Ces derniers mois, plusieurs opérations judiciaires significatives menées par les services de police et de gendarmerie ont été conduites, aboutissant à des interpellations en France et dans le reste du monde. Par exemple, la plateforme « genesis market » revendait des données personnelles de plus d’un million et demi de personnes sur le dark web.
Une opération de grande envergure lancée en 2019 et menée par 17 pays européens dont la France, a permis d’interpeller 119 personnes en lien avec cette activité illicite.
De manière générale, on note une professionnalisation significative des cyber-délinquants, que ce soit en matière d’appropriation des outils techniques, de structuration en véritable réseaux, ou de lien avec les écosystèmes de blanchiment. Certains modes opératoires, tel que celui de la fraude au faux conseiller bancaire, sont réellement industrialisés par les groupes cybercriminels.
La publication de ce rapport s’inscrit dans la suite d’une large réorganisation de la lutte contre la cybercriminalité au ministère de l’Intérieur et des Outre-mer.
COMCYBER-MI, un service à compétence nationale créé fin 2023, décline son action sur l’ensemble du spectre des cybermenaces. Sa mission est de concevoir la stratégie ministérielle de lutte contre la cybercriminalité sur la base de l’état de la menace, de coordonner les actions de prévention et leur suivi, d’opérer une veille juridique et le suivi des travaux législatifs afférents. Son centre national de formation cyber (CNFCyber), situé à Lille, offre des formations de haut niveau au profit des forces de sécurité intérieure, des autres ministères et des partenaires internationaux.