Alors que l’État cherche à combler un déficit abyssal par 40 milliards d’euros d’économies, les regards se tournent, encore une fois, vers les mêmes ministères, les mêmes « réserves » supposées. Parmi elles, la gendarmerie nationale, trop souvent reléguée au rang de variable d’ajustement budgétaire. Une stratégie dangereuse et profondément injuste.
Il y a un an, le président de la République annonçait avec emphase la création de 239 nouvelles brigades d’ici 2027. À ce jour, seules 80 ont vu le jour. Pour les 57 promises cette année, il manque près de 500 gendarmes. Et aucun recrutement net n’est prévu pour 2025. Pire encore : certaines communes ayant déjà investi pour accueillir ces brigades attendent toujours… désespérément.
Sur le terrain, les effets sont dévastateurs. Les missions se multiplient, les effectifs stagnent, les dotations baissent. Les gendarmes tiennent, encore, mais à quel prix ? Fatigue, démotivation, démissions. Le métier attire de moins en moins, les vocations s’éteignent, les rangs peinent à se renouveler.
Et pourtant, ce sont eux qui assurent, jours et nuits, la sécurité d’un pays fragilisé. Ce sont eux que l’on appelle quand tout vacille. Peut-on continuer à exiger autant de ceux à qui l’on donne si peu ? Peut-on parler de justice, de cohésion, de République… sans sécurité assurée par des femmes et des hommes respectés et soutenus ?
La République ne tient pas sans ses serviteurs. Et elle ne doit pas trahir ceux qui la protègent au quotidien. Aujourd’hui, la gendarmerie ne demande pas des privilèges, mais le respect des engagements pris. Elle ne réclame pas des promesses, mais des actes.
Monsieur le Premier ministre, il ne s’agit plus d’arbitrages comptables. Il s’agit d’un choix de société. Laisser la gendarmerie s’effondrer, c’est laisser le lien entre l’État et les citoyens se déliter. C’est prendre le risque d’un vide sécuritaire que d’autres, moins républicains, se feront une joie de combler.
Il est encore temps de réagir. Mais le temps presse.
Edito : La rédaction du Pandore et la Gendarmerie
Crédit photo Armante Jérémy/Le Pandore et la Gendarmerie