Le gouvernement français a présenté un nouveau plan d’action pour lutter contre le narcotrafic, avec des annonces clés faites par les ministres de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et de la Justice, Didier Migaud, à Marseille. Ce plan, conçu pour intensifier et structurer la lutte contre le trafic de drogue en France, comprend des mesures fortes et novatrices pour renforcer la sécurité et lutter contre la violence liée aux réseaux de drogue.
Création d’une cellule de coordination nationale
Une des initiatives majeures annoncées est la création prochaine d’une cellule de coordination nationale pour lutter contre le narcotrafic. Cette cellule, qui sera formellement inaugurée en présence du Premier ministre, aura pour mission de dresser un état des lieux de la menace, d’élaborer une stratégie opérationnelle, et d’assurer son application. Selon Didier Migaud, cette entité centralisera les efforts et permettra d’augmenter l’efficacité des opérations anti-drogue. Elle sera accompagnée d’un renforcement des effectifs dédiés, avec une augmentation de 40 % des équipes du parquet de Paris impliquées dans la lutte contre la criminalité organisée. Cette mesure vise à mieux coordonner les efforts nationaux et à accroître la réactivité face aux crimes liés au trafic de drogue.
Jugement des crimes de stupéfiants sans jury populaire
Dans le but de réduire les pressions et les risques d’intimidation, le ministre de la Justice envisage de juger les crimes en bande organisée liés aux stupéfiants par des cours d’assises spéciales composées uniquement de magistrats professionnels. Cette démarche rappelle les pratiques déjà utilisées pour le terrorisme en France. Selon Migaud, l’absence de jurys populaires dans les affaires de drogue pourrait limiter l’influence des menaces qui pèsent souvent sur les jurés, améliorant ainsi l’intégrité et l’efficacité des décisions judiciaires dans ces dossiers sensibles.
Régime de protection des repentis
Le gouvernement entend aussi renforcer et améliorer le régime des repentis, un élément clé pour affaiblir les réseaux de drogue de l’intérieur. Didier Migaud a proposé de créer un statut de « collaborateur de Justice », offrant une protection et des avantages juridiques aux individus qui aident les autorités en fournissant des informations ou en coopérant dans le cadre d’enquêtes sur le trafic de drogue. Ce statut permettrait une réduction des peines, voire une exemption totale pour les personnes qui aident la justice de manière significative, ce qui pourrait encourager plus de membres des réseaux criminels à collaborer. Bruno Retailleau a aussi exprimé son soutien pour cette mesure, soulignant la nécessité de protéger les enquêteurs et d’empêcher l’influence des narcotrafiquants sur les acteurs du système judiciaire.
Mesures contre les jeunes impliqués dans le trafic de drogue
Conscient du rajeunissement des profils des trafiquants, le ministre de la Justice souhaite revoir l’application de l’excuse de minorité pour les jeunes de plus de 16 ans impliqués dans des cas graves de trafic de drogue. Dans ces situations extrêmes, l’excuse de minorité serait allégée, permettant une application de sanctions plus sévères pour dissuader les jeunes de s’engager dans ces activités criminelles. En complément, le gouvernement souhaite étendre le recours à la comparution immédiate pour les jeunes de 16 ans et plus, accélérant ainsi le processus judiciaire pour les cas liés au trafic de drogue.
Interdiction de présence sur les points de deal
Dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue, Retailleau envisage également d’imposer une interdiction de présence sur les points de deal pour les criminels identifiés par la justice. Cette mesure vise à désorganiser les réseaux en privant les trafiquants de leurs zones d’activité, perturbant ainsi leurs opérations et limitant l’accès des acheteurs. L’objectif est d’affaiblir les structures des réseaux en perturbant les interactions et les ventes au sein des communautés.
Une volonté politique affirmée
Le ministre de l’Intérieur a admis que la lutte contre le trafic de drogue serait un combat de longue haleine, estimant qu’il faudra entre 15 et 20 ans pour éradiquer la présence des réseaux de narcotrafic en France. Néanmoins, Retailleau a exprimé une forte volonté politique pour s’attaquer à ce problème structurel, affirmant que la victoire est possible avec une approche déterminée et soutenue.