La guerre en Ukraine a eu « peu d’impact cyber » en France, malgré les craintes de nombreux experts avant le conflit, a indiqué le général Marc Boget, qui dirige le commandement de la gendarmerie française dans le cyberespace
« Nous suivons de manière extrêmement attentive » les conséquences de la guerre russo-ukrainienne sur le plan cyber, a indiqué le général Boget, lors d’une rencontre à Bruxelles, hier 18 mai, entre responsables européens de la cybersécurité et journalistes couvrant le secteur.
D’une manière générale, « il y a eu peu d’impact, on s’attendait à plus », a-t-il déclaré.
Saad Kadhi, le chef des « cyber-pompiers » intervenant en cas d’attaque en ligne contre les institutions et les agences européennes (CERT-EU) a livré un diagnostic semblable.
« Nous nous attendions a beaucoup plus d’attaques » contre les institutions européennes du fait du conflit, « mais il n’y pas eu vraiment » d’augmentation ou seulement « à la marge », a-t-il estimé.
« Certains groupes d’attaquants qui étaient très agressifs, finalement on ne les voit plus trop », a-t-il poursuivi.
Selon le général Boget, les groupes criminels de rançongiciel ont eu plutôt tendance à se prononcer en soutien de l’Ukraine, lorsqu’ils ont pris parti.
C’était plutôt « 75% du côté de l’Ukraine, 25% du côté de la Russie », a-t-il précisé.
Mais si la guerre en Ukraine n’a pas ou peu provoqué de ricochets dans le cyberespace, le nombre d’attaques en général continue son inexorable et galopante croissance, ont indiqué les deux responsables.
Selon le général Boget, la gendarmerie a vu le nombre de ses procédures cyber augmenter de 26% en 2020, 36% en 2021, et « les premiers chiffres de 2022 démontrent qu’on est toujours sur une croissance extrêmement forte ».
Il a rappelé qu’on découvre tous les jours dans le monde « en moyenne 50 vulnérabilités », ces défauts de conception dans un logiciel qui peuvent être exploités par un pirate.
Le seul gros incident cyber dans l’UE directement lié au conflit en Ukraine a été contre le réseau de satellites KA-SAT, exploité par l’opérateur américain Viasat.
L’UE a formellement attribué cette attaque à la Russie, une grande première pour les 27 alors que les Européens sont traditionnellement très réticents à attribuer l’origine des cyber-attaques.
Selon les experts, l’attaque déclenchée quelques heures avant l’offensive russe visait à mettre à mal les communications ukrainiennes, qui utilisaient ce service.
Par ricochet, des dizaines de milliers d’Européens qui utilisait également le réseau KA-SAT pour avoir accès à internet ont perdu leur service.
Source Notre Temps