Depuis plusieurs années, de nombreux individus en France ont reçu un courrier électronique frauduleux prenant la forme d’une convocation judiciaire. Ce message prétend que le destinataire a consulté du contenu pédopornographique et qu’une enquête est en cours à son encontre. Le courriel comporte un logo de la police ou de la gendarmerie et est même signé du nom réel d’un officier de la gendarmerie, d’un commissaire de police ou même de magistrats en exercice.
Une arnaque
Nos confrères d’RTL qui ont enquêté minutieusement sur cette affaire prouvent qu’il s’agit d’une arnaque visant à extorquer de l’argent aux victimes sous la menace d’une amende fictive et avec la promesse de l’abandon des poursuites.
Après deux ans d’enquête menée par les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la cybercriminalité (OCLCTIC) et les gendarmes des sections de recherches de Versailles et de Nice, ainsi que du CyberGend, 19 individus ont été interpellés cette semaine. Ces personnes, localisées en France et en Belgique, ont été arrêtées pour leur implication dans le blanchiment de l’argent provenant de ces arnaques. Leur garde à vue s’est achevée le jeudi 22 juin, et elles seront convoquées pour comparaître devant différentes audiences en fin d’année. Elles encourent jusqu’à 10 ans de prison.
La plateforme Pharos assaillie
Au total, les autorités ont recensé plus de 150 000 signalements sur la plateforme Pharos, ainsi que plus de 300 dépôts de plaintes. Les enquêteurs ont réussi, grâce aux courriels reçus par les victimes, ainsi qu’aux coordonnées bancaires fournies pour le paiement des fausses amendes, à remonter jusqu’à l’identité de ces intermédiaires. Le commissaire Christophe Durand, chef adjoint de l’OCLCTIC, explique : « Nous devions savoir si nous étions en face d’un seul et même réseau organisé ou si nous étions plutôt sur des petites équipes qui partagent un même mode opératoire. Et c’est finalement la deuxième hypothèse qui s’est avérée être la bonne. »
Des conséquences humaines dramatiques
Outre les dommages financiers colossaux causés par cette arnaque, les conséquences humaines sont encore plus tragiques. Six enquêtes ont été ouvertes suite au suicide de personnes victimes de ces escroqueries. Parmi ces victimes, un homme s’est donné la mort après avoir été victime d’une double extorsion. Après un premier paiement de 5 978 euros, les escrocs lui ont réclamé une somme supplémentaire de 7 480 euros. Se sentant impuissant et piégé, il a décidé de mettre fin à ses jours. Il convient de souligner que ces personnes n’avaient pas nécessairement quelque chose à se reprocher.
Pas de convocation par mail
Les autorités précisent qu’une convocation judiciaire ne se fait jamais par mail, et encore moins demander de payer une amende contre l’abandon des poursuites. « Ce n’est jamais comme ça que nous procédons. Si on a des suspicions sur une personne, si on pense qu’elle a pu consulter du contenu pédopornographique, soit on va chez elle, soit on la convoque par courrier postal », précise le colonel de gendarmerie Thomas Andreu.