Les saisies de cocaïne en zone gendarmerie ont explosé ces dernières années, passant de 700 kg en 2022 à 6,6 tonnes en 2024, selon des données de la gendarmerie nationale. Cette hausse spectaculaire reflète une intensification du trafic dans les territoires ruraux et les villes moyennes, une tendance qui inquiète les autorités. En effet, les trafiquants cherchent à conquérir de nouveaux marchés, profitant de la demande croissante et de l’adaptabilité des réseaux de distribution.
Selon Marie-Laure Pezant, porte-parole de la gendarmerie, la cocaïne s’infiltre désormais partout, y compris dans les campagnes. Le nombre de personnes mises en cause pour trafic de stupéfiants a fortement augmenté entre 2018 et 2024 dans des départements comme le Gard, le Gers ou l’Aveyron. Didier Poulhazan, spécialiste en sécurité et prévention, explique que cette expansion découle d’une stratégie commerciale des dealers, qui, après avoir saturé les grandes villes, investissent les zones rurales.
L’un des responsables : le Covid
L’évolution des modes de vente a également joué un rôle clé. La pandémie de Covid-19 a favorisé l’essor de l’ »ubérisation » du trafic, avec des commandes passées via des messageries cryptées et des livraisons à domicile, rendant le commerce plus discret et difficile à démanteler. Le journaliste d’investigation Frédéric Ploquinsouligne que cette mutation a pris de court les forces de l’ordre, mais que leur mobilisation accrue a permis d’obtenir ces résultats record en matière de saisies.
Outre la cocaïne, d’autres drogues connaissent une forte augmentation des saisies. L’ecstasy, par exemple, est passée de 69 700 comprimés saisis en 2020 à 2,2 millions en 2024. En revanche, les saisies de cannabis restent relativement stables, bien qu’en légère baisse par rapport aux années précédentes. L’héroïne, quant à elle, maintient des volumes de saisie similaires depuis 2020.
Consommation croissante
Cette situation illustre une consommation croissante de drogues en France, alimentée par des facteurs socio-économiques tels que la crise économique et la désindustrialisation. Si la cocaïne devient plus accessible et normalisée, le cannabis demeure la drogue la plus consommée et les espaces ruraux restent propices à son commerce et à sa culture.