Le Super Gendarme Christian Prouteau était l’invité politique de la matinale de Dimitri Pavlenko mercredi 9 juin sur Radio Classique. Il est le fondateur du GIGN ainsi que du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), une unité au cœur de l’actualité au lendemain de la gifle assenée à Emmanuel Macron.
Christian Prouteau rappelle l’intention de la création du GSPR en 1983, sous la présidence de François Mitterrand : « l’esprit du GSPR est d’assigner à la sécurité du président une unité de haut niveau avec une compétence tactique et opérationnelle à la hauteur d’une mission qui est essentielle ». En effet, si cet unité protège le corps physique du président, elle protège aussi la dignité de la fonction : « Le président de la république c’est dans la Vè république, bien au-delà de la personne qui la représente, le président, c’est nous ».
Assurer la sécurité du président signifie anticiper ses moindres faits et gestes, y compris lorsqu’il part en petites foulées se rapprocher de la foule afin de serrer des mains : « ce n’est pas au président de s’adapter, c’est à la sécurité, et elle a manqué d’anticipation (…) Cette fraction de seconde a son importance ». Christian Prouteau souhaite d’ailleurs une peine exemplaire pour l’auteur de la baffe.
Christian Prouteau : « Une fraction de seconde de retard peut poser problème si les intentions avaient été au-delà de l’offense »
A la fondation du GSPR par Christian Prouteau, l’unité était formée uniquement de gendarmes, une mixité gendarmerie-police a ensuite été mise en place, avant d’aboutir sur une alternance de direction. Selon son fondateur, une mixité des deux formations peut poser des problèmes : « la formation militaire des gendarmes amène une verticalité dans le commandement et les entraînements, on peut se poser la question si le mélange est efficace ou non (…) Selon moi, une entité n’a un sens et une solidité que si elle regroupe des membres d’une même formation, mais cela a été un choix politique (…) La police et la gendarmerie ont deux cultures différentes, deux manières de former ses membres, au résultat cela pose des problèmes ».
Interrogé sur l’évolution d’un système de sécurité du président plus proche du système américain, sans bains de foules et contact direct avec la population, Christian Prouteau met en évidence les différences des deux cultures et la longue histoire d’incidents outre-Atlantique, avec entre autres quatre présidents assassinés : « Les mentalités sont complètement différentes (…) Aux Etats-Unis, le président ne descend pas seul de son véhicule, la porte ne s’ouvre pas de l’intérieur, c’est le chef de sécurité qui lui ouvre lorsqu’il sait que son dispositif est en place, car ils ont eu l’expérience de Reagan, agressé à la sortie de son véhicule (…) en France il est tout de même possible d’obtenir une grande efficacité si le GSPR obtient du chef de l’Etat qu’il s’appuie sur lui (…) Dans le cas d’Emmanuel Macron, si le président avait attendu son équipe ou si son équipe avait été plus rapide il ne serait pas arrivé seul et on aurait évité la fraction de seconde où l’homme lui prend le bras, une fraction de seconde qui pose problème si les intentions avaient été au-delà de l’offense ».
Le Pandore et la Gendarmerie