Christophe Castaner, nouveau ministre de l’Intérieur fraîchement nommé est déjà chahuté par de nombreux médias pour son passé sulfureux. Est-il pour autant inquiétant dans cette mission régalienne où l’excellence ne souffre pas la médiocrité et va-t-il pouvoir imposer sa vision politique de la sécurité en France et réussir à négocier, ce qu’il s’impose de faire dans les quartiers ? Le débat est posé.
Si la nomination de Christophe Castaner n’est pas une véritable surprise en soit puisqu’il reste un proche du président de la République, la première question qui peut se poser est sa véritable connaissance des spécificités de l’Arme et les problématiques du métier de gendarme ou de policier. Ainsi, il a été dit à l’envi qu’il était fils d’un militaire. Si être « « fils de » ouvre certainement à une connaissance, elle reste selon nous empirique et n’impose pas une véritable connaissance de fond du métier en question. A cette question et à ce stade, la seule véritable gestion qu’on puisse lui attribuer, c’est la gestion de la ville de Forcalquier (Région Rhône-Alpes côtes d’Azur). Une ville de plus ou moins 5000 habitants où il a eu l’occasion de côtoyer des gendarmes dans l’exercice de ses fonctions. Ses autres activités politiques allant de secrétaire de parti, président de communauté de communes ou bien député, ne sont pas en soi significatives. D’où vient donc pour lui, cet intérêt pour le poste de ministre de l’Intérieur ?
La jeunesse de Castaner en question
Selon Wikipédia qui est la plupart du temps, renseigné par les personnes propriétaires de la page, c’est dans ce média qu’est exprimée la formule « À 18 ans, il quitte le foyer familial et reste deux ans à Marseille, où il gagne de l’argent notamment en jouant au poker. Il se lie avec Christian Oraison, un caïd des Alpes-de-Haute-Provence de la Dream Team abattu de plusieurs balles en 2008 ; il déclare à ce sujet : « C’était mon grand frère, mon protecteur. Il m’appelait l’étudiant ». »
Force donc est de constater que le père militaire n’est pas celui qui a le mieux influencé le jeune Castaner d’alors puisque, selon certains médias, il serait parti à 18 ans pour échapper à celui-ci avec lequel il se serait disputé. Rencontrer un caïd régional n’est pas en soi un reproche, mais cela interroge malgré tout. Flic ou voyou ?
Le jeune Castaner quelques années plus tard, se rappellera avec plaisir de ses jeunes années, mais sortira par le haut et débutera des études de droit pour plus tard, s’orienter en politique.
Classé onzième dans l’ordre hiérarchique des ministres
Il s’intéressera alors à la politique et s’engagera notamment en 1986 au PS où il restera jusqu’en 2017 et rejoindra l’équipe d’Emmanuel Macron. Il n’avait alors rien à perdre et tout à gagner car il venait de perdre une élection pour la députation en étant dans les rangs de François Hollande. Il s’écartera de la course pour faire barrage au front national et sa représentante, la nièce de Jean-Marie Le Pen. Marion Maréchal.
Depuis, il aura été successivement pour Emmanuel Macron, une sorte de « couteau Suisse ». Porte-parole durant la campagne présidentielle pour le président, puis secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement d’Edouard Philippe, il se voit attribué une autre mission par le président de délégué général de la LREM pour finir le 16 octobre par être nommé ministre de l’intérieur dans le gouvernement « Philippe 2 ».
Mais la vraie question qui doit dominer et poser débat, ce n’est pas tant la place dans le gouvernement que la position hiérarchique dans celui-ci et le poids que va donc peser ce nouveau ministre dans les débats. Car si Christophe Castaner se voit offrir un poste régalien, il est convenu que ce n’est pas un « cadeau » et que cela pourrait bien devenir un fardeau à plus ou moins court terme. Son prédécesseur pourrait bien avoir payé le prix de sa « non-politique », mais là encore, c’est une affaire de « poids ». Si Gérard Collomb était ministre d’état, il est évident qu’il n’a pas eu les coudées franches et que les rapports avec Edouard Philippe vers la fin ont tendu les rapports entre les deux hommes. Il est à espérer que le nouveau ministre de l’intérieur , qui va hériter des nombreux dossiers chauds laissés en suspens , montrera alors le meilleur de lui-même, si toutefois on doit se préparer au pire au vu de la politique appliquée ces derniers temps par la gouvernance d’Edouard Philippe sous l’impulsion évidente du président Macron, qui a souvent montré qu’il montrait peu de respect et d’estime pour les militaires. Entre le renvoi du Général Philippe de Villiers, son annonce de vouloir casser la décision européenne au sujet de la fameuse loi des repos compensatoires, et en de nombreuses autres occasions. Entre l’affaire Benalla et le selfie avec une racaille, il a pu démontrer qu’il n’avait cure des remontées de la base pour améliorer les conditions de travail des gendarmes ou bien des policiers, aucune empathie pour les suicides et les familles dans le deuil, et aucune appréciation au quotidien des miracles que font les forces de l’ordre et de sécurité, dans l’accomplissement de leurs missions. Si Christophe Castaner a estimé que cette nomination pourrait profiter à sa carrière politique, il va lui falloir trouver des arguments à faire valoir et entendre à ses « supérieurs » pour convaincre la base de croire en lui, et derrière la base, tous les Français. Il entame dès aujourd’hui et sans attendre, son capital confiance et il n’en a déjà que trop peu. A lui de se montrer digne de la mission qui à présent lui est échue, mais le cadeau pourrait bien très vite se révéler n’être qu’un cadeau empoisonné.
Article : Jérémy Armante
crédits photos : Ouest-France – voici.fr- RTL