Le secrétaire général du syndicat Unité SPG Police-Force ouvrière, Yves Lefebvre, était l’invité du « Grand journal du soir » d’Europe 1, jeudi, pour évoquer la fronde des policiers et la réponse du ministre Christophe Castaner, qu’il juge « indigne ».
La relation de confiance entre les policiers et Christophe Castaner est en grande partie rompue, si l’on en croit Yves Lefebvre.
Après avoir été reçu par le ministre de l’Intérieur, Yves Lefebvre affirme: « Depuis son intervention de début de semaine, Christophe Castaner est indigne d’être le ministre de l’Intérieur.
Jeudi après-midi, Christophe Castaner a reçu les syndicats de policiers, trois jours après un discours dans lequel il évoquait des « sanctions » en cas de « soupçons avérés » de propos ou actes racistes émanant de policiers.
« Castaner a lâché sa police »
Le ministre est indigne dans ses propos poursuit Yves Lefebvre, selon qui « les policiers ne considèrent plus Christophe Castaner comme étant légitimement leur ministre (et) c’est à lui d’en tirer les conclusions ». « Christophe Castaner a lâché sa police. « Pour moi, ces soupçons avérés n’existent pas. Il y a des faits avérés, oui ou non. » a conclu le syndicaliste.
Menottes à terre
Malgré des rencontres entre le ministre et des syndicats pour calmer le jeu, les policiers s’estiment désavoués par leur chef qui a promis une « tolérance zéro » face au racisme et aux violences.
La colère gronde dans les rangs policiers. Certains l’ont manifestée par des vidéos et des photos d’eux jetant leurs menottes à terre en signe de protestation, prises à Bordeaux, Toulouse, Lyon, Nice ou encore Roubaix.
Le gouvernement passe la pommade à une minorité
« La mort de George Floyd, elle est très regrettable et condamnable, mais cette pratique faite par un policier américain sur un citoyen américain n’a rien à voir avec la France », s’agace un gardien de la paix parisien, qui s’inquiète, avec cette interdiction, de ne plus avoir de moyens d’intervention.
Et fustige la démarche d’un gouvernement qui
« passe la pommade à une minorité dans la rue, au détriment de toute la police nationale », entachée par ces accusations de racisme.
« On devient sale, infréquentable »
Au-delà de Christophe Castaner, c’est bien tout un gouvernement – présidence incluse – qui est visé par la colère. « Ce gouvernement n’a aucune colonne vertébrale. Il suffit qu’il ait 20 000 excités dans la rue pour qu’il lâche la police », juge un officier de la police judiciaire parisienne, qui se dit écœuré. « En décembre 2018, au plus fort de la crise des Gilets jaunes, quand ils tremblaient dans leur palais, Macron, Castaner, et toute leur clique nous caressaient dans le sens du poil. Mais maintenant que toute la jeunesse les montre du doigt, on devient sale, infréquentable », s’agace-t-il.
Un avis partagé par Fabien Vanhemelryck, secrétaire général du syndicat Alliance : « Un ministre de l’Intérieur doit être derrière ses policiers. Le ministre est en dehors des clous mais le président de la République l’est tout autant », critique-t-il. La baisse de moral est telle que le préfet de police de Paris et le directeur de la police nationale ont adressé des lettres de soutien à leurs troupes. « Ne doutez pas de la République », « ne doutez pas de la police nationale », « ne doutez pas de vos patrons policiers », « ne doutez pas de vous », y écrit le préfet Didier Lallement.
SOURCE : EUROPE1/ Le PARISIEN