Qui pour parler de la colère, de la rancœur des militaires de la Gendarmerie, de se voir rattaché indirectement au scandale de L’affaire “Benalla”. Qui pour dénoncer les dérives d’un système qui permet de fouler au pied les valeurs militaires, comme celle de la méritocratie si chère à leur cœur et qui est la seule vraie récompense à obtenir un grade et une reconnaissance de leurs pairs et de la nation pour leur engagement. La méritocratie est un des fondements de la vie d’un militaire. Elle lui permet de se regarder dans la glace avec toute la fierté de porter son uniforme et ses valeurs. D’obtenir cette reconnaissance qui fait gagner le respect pour lui-même, auprès de ses subordonnés quand il monte en grade, cela parce qu’on reconnaît alors en celui qui en porte les insignes, sa qualité intrinsèque de soldat, de chef, de leader.
Le premier militaire venu va se reconnaître dans ces mots nous l’espérons. Nous reconnaissons au journal le Pandore sa valeur. Nous le remercions d’en avoir encore dans ce pays qui finit par ne plus se reconnaître lui-même dedans, parce qu’il les a perdues ou rangées au fond d’un tiroir !
Cette affaire Benalla, qui prend des proportions bibliques et surtout politiques, allant du « secret d’état », couverte depuis près de deux mois par le gouvernement afin d’éviter d’éclabousser jusqu’au président de la République lui-même
ne parle pas de la nouvelle blessure qui est faite à l’intime de chaque militaire qui s’engage pour son pays et qui voit ses valeurs, avec la première d’entre elle, son engagement à défendre sa nation, son drapeau, son pays ramené à… rien ! Quelle honte pour notre pays qui perd là, parmi ses plus grands repères. Le mérite et la reconnaissance ! Comment dire aux jeunes générations de s’engager en de telles circonstances. C’est si triste pour notre nation.
Qui encore pour parler des valeurs militaires bafouées jusqu’au plus haut niveau par ce même gouvernement, qui implique Alexandre Benalla, réserviste opérationnel de la Gendarmerie et non pas réserviste citoyen comme on a pu le croire au départ, ainsi que Vincent Crase, faisant également partie de la réserve opérationnelle de la Gendarmerie. En leur attribuant des grades totalement immérités, en dépit du bon sens, le gouvernement renvoie au plus mauvais usage de son pouvoir de reconnaître occasionnellement et souvent à titre posthume, les mérites d’un militaire qui se serait distingué. Car alors, pourquoi ne pas avoir donné tant qu’on y est, le grade de général à notre regretté feu, le colonel Beltrame. S’il est aussi facile de monter un homme de 27 ans, sans aucune raison « militaire » au grade de lieutenant-colonel, sans avoir même fait l’EOGN (on ne parle même pas de l’école de guerre). Pourquoi se contenter de donner le « simple » grade de colonel (cynisme de notre part) quand on réalise la portée du geste du colonel Beltrame. Dans nos cœurs, il ne sera jamais assez haut. Mais tout de même… il faut bien admettre que cela nous laisse un goût amer de savoir que monsieur Benalla est…. Lieutenant-colonel. Excusez du peu.
Imaginez qu’un instant auparavant, notre cher colonel Beltrame, de son vivant, partageait le même grade que ce sinistre monsieur Benalla. Se seraient-t-il croisés qu’aucun des deux n’aurait pu être départagé par le grade, sinon le mérite, les valeurs militaires qui les animent mises à part. Quand monsieur Benalla aurait été appelé par la Gendarmerie à porter l’uniforme, pour servir (sic !), rien ne les aurait distingués… mais servir qui ? Voilà qui nous fait nous poser de nombreuses questions. Comment expliquer aux civils ainsi qu’à nos soldats, que deux hommes aussi éloignés par les valeurs l’un de l’autre, puissent avoir le même grade et que rien de l’uniforme ne les distingue !
La méritocratie est à la Gendarmerie, la garantie de s’élever socialement. Ce pourrait bien être là son chant du cygne, en tout cas, d’en perdre de sa superbe ! Car alors, que vaut un grade comme celui de lieutenant-colonel s’il est accordé à des personnes qui n’ont pas fait la moindre étude en ce sens ? Aucune école militaire pour y prétendre, aucun mérite pour le valoir ? Que vaut un grade, s’il est donné parce que « civilement », il doit correspondre à une charge (à part pour ceux que cela arrange), sous prétexte que ce grade doit correspondre à un salaire dans le civil (10.000 euros par mois tout de même, logement de fonction et voiture fournie, pour un jeune homme de 27 ans). Que cette charge soit accomplie dans l’entourage du président de la République n’y serait pour rien ? Que nous cache-t’on encore sur de nombreux autres sujets et de nombreuses autres personnes et personnalités de la société civile qui ne devraient pas avoir de tels grades, voire pas de grade du tout, ni même être dans la gendarmerie opérationnelle ? L’affaire Benalla met en évidence selon-nous des dérives réelles, mais c’est l’arbre qui cache la forêt ! Il y a sûrement dans cette affaire, toutes celles qu’on ne connaît pas et qu’on nous cache encore. Si nous avions plus de moyens économiques aujourd’hui « au Pandore » pour mener une telle investigation, vous pouvez être sûrs qu’on ne s’en priverait pas !
Il est important, pour les civils qui nous lisent, d’expliquer qu’un réserviste opérationnel n’est considéré par l’institution comme militaire, que lorsqu’il est officiellement convoqué par l’institution en question. C’est à ce moment-là qu’il a les mêmes obligations et les mêmes droits qu’un militaire de l’active (soit un gendarme sous contrat.). Nous pensons « au Pandore », à tous nos gendarmes qui auraient dû saluer les galons de ce monsieur Benalla. Est-il utile de dire ce que nous en pensons ?
On nous parle de critères, de pratiques courantes dans la Gendarmerie, d’un sujet très encadré par des lois – votées et décidées par qui ? – de « cas spéciaux » qui serviraient l’institution, et/ou l’état etc… Qu’on nous explique en effet, par quel miracle, ce chargé de mission, fusse de l’Elysée, a pu passer de simple brigadier de réserve, à celui de lieutenant-colonel le temps d’un claquement de doigts. Le fait qu’on nous indique qu’il a été élevé à un grade qui devrait correspondre à des qualifications civiles devrait alors nous « satisfaire » et résumer notre curiosité à cette seule explication ?
Ne voyez-vous pas mesdames et messieurs les politiques, qu’en vous accordant des privilèges que vous ne méritez pas, vous soufflez sur les braises de la colère autant chez nos militaires que nos concitoyens ?
Que cette manière d’agir et ces pratiques devrait appartenir au passé, et que celles-ci ne seront jamais comprises par les militaires, les vrais, qui eux se sont engagés pleinement à défendre le citoyen, la patrie et son drapeau en risquant leurs vies. Vraiment…vous n’avez honte de rien.
Vous pouvez bien vous donner tous les grades que vous voulez, vouloir vous en attribuer les mérites, vous n’en aurez pas pour autant le respect de vos militaires. Pire, en agissant ainsi, vous vous éloignez pour de bon de leur estime et respect et des valeurs qu’ils défendent avec cœur et conviction.