Fabienne Lopez, cheffe du Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N), décrit un phénomène en recrudescence et certainement sous-estimé dans Le Parisien du 28 janvier.
Pour Fabienne Lopez, les infractions en lien avec la cybercriminalité sont en hausse de 20% en 2019, avec un chiffre de 89 000. Pourtant nous sommes loin du chiffre réel, les vidéos intimes ne sont pas dénoncées par peur de répercussion.
Les missions du C3N portent surtout sur les piratages avec vols de données ou détournement de fonds, et de chantage avec les rançongiciels qui visent essentiellement les entreprises.
Les objets connectés intéressent de plus en plus les gendarmes. Ce sont des aides pour recueillir des éléments de preuve. Ils peuvent aussi être piratés, et leur propriétaire en être victime !
Voici quelques passages clés de son interview accordée à nos confrères du « Parisien ».
Nous pensons qu’il y a un chiffre noir
Le Parisien : Assistons-nous à une hausse des Cyber-infractions ?
Fabienne Lopez : en zone gendarmerie, plus de 82000 infractions, en lien avec la Cyber-criminalité ont été constatées en 2019 ce qui représente une hausse de de 20 % de plus par rapport à l’an dernier.
Les escroqueries représentent plus de 70 % des signalements, mais, nous pensons qu’il y a un chiffre noir : des victimes de chantages à la vidéo intimes ou bien aux sentiments ne se signalent pas. Des entreprises ne déposent pas plainte par crainte des répercussions sur leur image… Nous sommes loin du chiffre réel.
Quel est le cœur des missions du C3N ?
F.L. : Au C3N nous ne traitons que les infractions du haut du spectre : sensible, complexe, avec un nombre important de victimes et/ou, un préjudice élevé. En 2019 nous avions 86 enquêtes en portefeuille et nous avons saisi 5,8 millions d’Euros d’avoirs criminels. Autant d’argent en moins pour les délinquants.
Nous avons eu en décembre une affaire de vol de bitcoins qui rentre dans notre champ et fait des atteintes à un système de traitement automatisé de données.
Il peut s’agir de piratages avec vol de données ou détournement de fonds, comme ici, mais aussi de chantages avec les fameux « ransonwares » (les rançons faites par logiciels malveillants).
Concrètement, le pirate s’introduit dans le système informatique, chiffre les données et les copie, puis menace son utilisateur de les dévoiler ou de les supprimer s’il ne paye pas une rançon. Ce sont surtout les entreprises qui sont visées, de la TPE à la multinationale, mais souvent avec la particularité d’avoir une forte sensibilité localement.
Ce qui signifie que si l’activité reste bloquée par le pirate, des licenciements sont en jeu. C’est un fléau en expansion.
Depuis peu la Gendarmerie s’intéresse aux objets connectés
F.L. : ces objets de la vie de tous les jours peuvent aider à recueillir des éléments de preuves. On a eu un cas d’escroquerie à l’assurance ou le propriétaire a voulu faire passer un accident pour un incendie : Il a été trahi par sa montre connectée qui avait recueilli ses pulsations cardiaque.
Parfois les objets sont détournés à des fins malveillantes. Comme ce pédophile qui avait dissimulé une puce avec des images pédopornographies dans un déodorant. Ou bien ce pirate qui avait détourné un répéteur wi-fi pour surfer sur des sites illicites. Attention à ne pas être victime de vos objets connectés dont la vulnérabilité est désormais exploitée par les criminels.
Retrouver l’interview de Fabienne Lopez sur la version papier du Parisien ou sur le site du journal en version payante.