« Les premières investigations laissent confirmer la thèse d’un geste suicidaire avec volonté de tuer des gendarmes en simultané », a expliqué le procureur de la République à Cusset (Allier).
Le scénario incendiaire était très certainement prémédité. Les trois gendarmes grièvement blessés mercredi 15 mars dans l’explosion d’une maison de La Chapelle (Allier) ont été victimes d’un « scénario » élaboré par l’homme, décédé dans l’incendie, qu’ils étaient venus interpeller, a indiqué vendredi le procureur de la République à Cusset (Allier).
« À aucun moment les gendarmes ne se sont doutés qu’ils pouvaient tomber sur un tel traquenard », mais ils ont été les victimes d’un « scenario presque élaboré » par l’auteur des faits, en rapport avec la date d’anniversaire de son fils de 15 ans « qu’il ne voyait plus depuis six ans », « sa plus grande souffrance », a déclaré devant la presse le procureur Éric Neveu.
« Les premières investigations laissent confirmer la thèse d’un geste suicidaire avec volonté de tuer des gendarmes en simultané », a ainsi expliqué le magistrat, évoquant notamment deux vidéos prémonitoires postées mardi soir et mercredi matin sur Facebook et TikTok. Cet homme de 38 ans, condamné à dix reprises, principalement pour conduites en état alcoolisé et violences conjugales, y affirmait que « la justice n’arrêtait pas de lui pourrir sa vie et qu’elle allait payer ».
Et « comme dans une forme de testament, il déclarait mercredi matin : aujourd’hui c’est un jour particulier pour moi, l’anniversaire de mon fils que je ne vois pas grâce à la justice française, mais c’est pas grave, aujourd’hui c’est ton anniversaire, ton père a la haine, mais je t’aime quand même, on va se revoir en enfer ».
Placé sous bracelet électronique, cet homme « à la personnalité paranoïaque », ajoute dans ses vidéos, lues par le procureur : « si la justice croit que je joue avec eux, j’ai mis 40 litres d’essence là pour vous, il y a le gaz, j’ai pas peur de cramer mais vous allez cramer aussi ».
Un appel pour faire venir les gendarmes
L’enquête a permis également d’établir que, le jour du drame, il avait contacté un ami « pour lui indiquer qu’il allait finir en prison avant la fin de semaine » et qu’il lui avait déjà indiqué en juillet 2022 « qu’il utiliserait un jerrycan et une bouteille de gaz si les gendarmes entraient à son domicile ». Le drame s’est produit lorsque sept gendarmes sont venus l’arrêter, après des insultes proférées par téléphone le matin même à son conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation et à la gendarmerie du Mayet-de-Montagne (Allier).
Les voyant arriver alors qu’il discutait dehors avec un voisin, celui qui « appelait régulièrement le tribunal pour se plaindre de la justice qui le condamnait, selon lui, parce qu’il était noir », est rentré chez lui. Trois des gendarmes, « après un échange d’environ 10 secondes pour tenter de le faire sortir volontairement » entraient ensuite pour essayer de le maîtriser. Mais « un embrasement spontané » se produisait. Aidés par leurs collègues, ils parvenaient à s’extraire. Le corps de l’homme « allait être retrouvé entièrement calciné ».
Un gendarme brûlé à 90%
Les trois gendarmes les plus sérieusement touchés étaient toujours hospitalisés à Lyon. Le plus gravement blessé, âgé de 27 ans, a été plongé dans le coma, il est brûlé à 90%. Son pronostic vital est toujours engagé, sûrement encore plusieurs jours car les médecins ne savent pas comment peut se passer la sortie du coma, ajoute une source proche du milieu médical.
Les deux autres gendarmes, âgés de 35 et 33 ans, sont également grièvement brûlés.
SOURCE : LE PARISIEN