Un professeur de collège à la retraite a été jugé en comparution immédiate, le 13 mars dernier, à Cherbourg (Manche). Piégé grâce au faux profil en ligne d’une jeune fille âgée de 12 ans, créé par les gendarmes, il a plaidé « une attirance pour les mineurs, mais cela reste du virtuel ».
Pour confondre les pédophiles qui sévissent en ligne, les gendarmes du net ont une technique aussi simple que redoutable. Ils créent des profils fictifs de jeunes mineurs, et attendent que des prédateurs sexuels se dévoilent.
Les photos, les pseudos, la façon d’écrire… tout est faux mais crédible. L’objectif est d’attirer sans racoler. Car, pour que la procédure soit recevable, les gendarmes ne doivent en aucun cas susciter le premier contact. La règle est d’attendre qu’un adulte se manifeste.
Le retraité confondu par l’adresse IP de son ordinateur
C’est ainsi qu’en janvier dernier, des gendarmes du Calvados ont créé le profil de « Flavie », 12 ans, avec pour pseudo « Miss du 14 ».
Un homme, se cachant lui aussi sous le pseudonyme « Lampiste », ne tarde pas à se manifester. Sachant pertinemment qu’il s’adresse à une adolescente de 12 ans, il engage la conversation qui dévie rapidement sur des propositions sexuelles et lui demande des photos d’elle d’abord en maillot de bain, puis nue.
« Cela te dirait qu’on fasse l’amour ? », finira-t’il par demander. Les gendarmes en ont assez lu pour monter une procédure et discussion s’arrêtera là. L’adresse et l’identité de « Lampiste » sont établies grâce à son adresse IP. L’homme a été interpellé et placé en garde à vue, le 18 janvier dernier. Il s’agit d’un professeur d’électro-technique de collège à la retraite, habitant à Disgoville dans la Manche.
« Je recherche du blabla »
Cet homme de 63 ans n’est pas tout à fait inconnu de la justice puisqu’il a déjà fait l’objet d’une comparution pour des faits similaires, deux ans auparavant. Devant le tribunal, le retraité a plaidé « une pulsion, un relâchement ».
« C’est comme un jeu de rôle. Je recherche du blabla, une forme d’excitation amoureuse. J’ai une attirance pour les mineurs, mais cela reste du virtuel », a-t-il expliqué.
Une version édulcorée des faits qui n’a pas convaincu le parquet de Cherbourg : « On est face à un individu qui veut nous faire croire qu’il s’est laissé emporter par une pulsion mais il avait prémédité son geste. Une rencontre était prévue avec un passage à l’acte inévitable. »
Le prévenu – qui était en sursis probatoire du fait de sa première condamnation – a écopé de quatorze mois de prison ferme. Il devra par ailleurs se soumettre à un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans, consulter un psychiatre et a interdiction d’entrer en contact avec des mineurs.
Un gendarme du service technique de recherche de justice et de documentation – illustration – archives • © AFP