Les maires au bord de la rupture. Dans les rangs du Congrès des maires de France qui se tient depuis lundi 21 novembre à Paris, des voix s’élèvent de plus en plus: les élus dénoncent l’augmentation des agressions contre eux, aussi bien physiques que et verbales depuis deux ans. Et la tendance se poursuit: d’après les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur obtenus par France info, plus de 1800 procédures judiciaires pour atteintes aux élus ont été enregistrées depuis le début de l’année (1 835 entre le 1er janvier et le 31 octobre 2022).
Dans un rapport d’information rendu en 2019 par le Sénat, 32% des élus interrogés affirmaient avoir déjà subi des incivilités, des injures, des menaces ou des agressions physiques. Dans 83% des cas, cela s’est passé dans une commune de moins de 3 500 habitants, où les élus sont en contact direct avec leurs administrés. Des élus qui pourtant portent rarement plainte. Dans ce même rapport, ils n’étaient que 30% à l’avoir fait après avoir subi une agression physique ou verbale.
En deux clics, un gendarme répond 24h/24h
Pour aider les élus à faire face à ces incivilités, et pour les inciter à déposer plainte, la gendarmerie a commencé en décembre dernier à développer une application destinée notamment aux maires et aux conseillers municipaux des petites communes. Sa version test a déjà été téléchargée 27 000 fois. Une nouvelle version, finalisée et enrichie est présentée cette semaine au Congrès des maires de France.
« Les élus sont en première ligne et encore plus en zone rurale où quand un citoyen n’est pas content il va solliciter directement le maire », explique la lieutenante colonelle Marie-Laure Pezant, porte-parole de la gendarmerie nationale. « Ça peut être une agression verbale, physique mais on a de plus en plus d’agressions sur les réseaux sociaux ou d’agressions privées, par exemple au domicile de l’élu. Il fallait donc essayer d’accompagner les élus le mieux possible en mettant un gendarme dans la poche du maire, au quotidien. »
Baptisée « Gend’élus » cette application permet entre autre de contacter, via un tchat en ligne, la gendarmerie en cas d’agression. « En deux clics on offre la possibilité à chaque élu de pouvoir accéder à un gendarme 24h/24 et 7j/j », indique l’adjudant-chef Pierre-Yves Le Roch, chargée de mission numérique à la gendarmerie. « Les gendarmes de la brigade numérique peuvent ensuite saisir directement une brigade et envoyer une patrouille au domicile de l’élu ou à l’endroit où il est agressé », précise-t-il. L’application permet aussi d’accéder à des fiches de renseignements sur les sujets sensibles, comme les rodéos urbains ou les déchèteries sauvages, pour que les élus sachent quoi répondre et calmer le jeu quand la situation se tend.
SOURCE : France INFO