Le directeur général de la gendarmerie nationale a été auditionné par les députés de la commission de la défense nationale et des forces armées.
L’occasion pour le DGGN de présenter la stratégie GEND 20.24, afin de mieux comprendre les différents enjeux et perspectives de la gendarmerie durant le quinquennat à venir
Des transformations en série
Le patron des gendarmes a commencé par livrer un premier état des lieux de la situation de la gendarmerie, en particulier en ce qui concerne les violences auxquelles font face ses militaires : « Un refus d’obtempérer toutes les 30 minutes, un gendarme agressé toutes les deux heures et, enfin, un forcené toutes les 48 heures. » Sans oublier les 165 000 interventions pour violences intra-familiales (VIF) conduites depuis le début de l’année par la gendarmerie.
Pour lutter contre les Violences intra-familiales (VIF), et en particulier conjugales, les gendarmes de terrain suivent une formation particulière
Fin 2020, l’une de ces interventions avait tourné à l’affrontement armé. Dans la nuit du 22 au 23 décembre, trois militaires avaient perdu la vie alors qu’ils intervenaient pour porter secours à une femme victime de violences, à Saint-Just, dans le Puy-de-Dôme. Pour le général Rodriguez, ce tragique événement a agi comme un déclic, comme il l’explique aux députés : « On a besoin de gendarmes capables de manœuvrer sous le feu. C’est pourquoi nous avons durci la formation des PSIG et des EGM grâce à l’armée de Terre. »
Profonde transformation des Pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG)
À partir de l’année 2022, les PSIG vont profondément se transformer : mieux équipés, ils seront mieux préparés.
La densification des primo-intervenants ne constitue pas la seule mesure mise en place par le DGGN. L’une d’entre elles concerne le défi lié au maillage territorial : « Avec nos 3 100 brigades aujourd’hui, nous couvrons 95 % du territoire et 33 400 communes sur 35 000, soit 52 % de la population française. » Un chiffre qui devrait être porté à 3 300 au cours des années à venir, à la suite des annonces du président de la République en janvier dernier.
Emmanuel Macron annonce la création de 200 brigades de gendarmerie
Augmenter la proximité avec le public, telle est l’ambition du chef de l’État, que doit décliner le DGGN. « L’idée, c’est de passer d’une logique de guichet à celle du pas-de-porte. » Une première mesure a été mise en place pour rapprocher les gendarmes de la population dans la profondeur des territoires, celle de la brigade mobile, expérimentée dans plusieurs départements.
Normandie : lancement de la première brigade mobile de proximité
Renforcer le contact et la proximité avec la population et les élus constitue l’un des piliers de la stratégie GEND 20.24. Pour ce faire, le développement d’outils numériques ad hoc, comme le terminal NEO 2 et les stations Ubiquity, permet de favoriser ce rapprochement entre les gendarmes et le grand public. Ils ont été pensés pour privilégier les interactions physiques, en permettant, par exemple, la prise de plainte à l’extérieur de la brigade, et donc potentiellement chez une victime. « On est en train d’imaginer des choses pour mieux accompagner les seniors sur le plan numérique ».
Collectivités, entreprises, particuliers : en quoi consiste la stratégie de proximité numérique de la gendarmerie ?
Assiste-t-on à une évolution de la gendarmerie sur le plan structurel, doctrinal et stratégique ? C’est en tout cas l’orientation voulue par le général Rodriguez à travers sa stratégie GEND 20.24. « La dernière fois qu’on a changé de modèle, c’était il y a 300 ans », rappelle-t-il. Une stratégie qui se veut anticipatrice, pour faire face à des menaces aussi bien actuelles que futures.
Un renouvellement matériel et humain
Parmi ces transformations, on trouve celle concernant le matériel, avec l’arrivée notamment du véhicule blindé Centaure, le successeur des véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG), ce dès cette année. En 2024, ce sera au tour de la flotte aérienne de se moderniser, avec l’acquisition d’une dizaine d’hélicoptères H160. Des outils qui permettront d’être « plus performant face à des crises. »
Officiers scientifiques : « Plus on en aura, mieux ce sera pour la gendarmerie. »
La préservation de l’environnement Cet objectif tient une place de choix dans les enquêtes judiciaires de la gendarmerie, grâce notamment à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP), qui mène un véritable combat contre le trafic illicite de déchets. Une problématique sur laquelle la gendarmerie continue d’ailleurs à accroître sa force de frappe, le DGGN envisageant la création d’une gendarmerie verte. Affaire à suivre…