Il est des changements d’orientations politiques qui souvent déterminent l’attractivité d’un métier. Celui de la retraite est parmi les plus importants. Dans l’Arme, c’est LE dossier qui inquiète les APNM, non sans raison. Pourtant, elles n’ont même pas été reçues par Jean-Paul DELEVOYE, le haut commissaire à la réforme des retraites pour en débattre. Le préambule à un nouveau raté pour l’exécutif ?
Les gendarmes souffrent déjà beaucoup. Tous les rapports, du Sénat à l’assemblée nationale le disent. Une mauvaise réforme viendrait sans nul doute affaiblir encore un peu plus ce qu’il peut rester d’attractif au métier. Pouvoir envisager une retraite plus tôt que dans le civil est incontestablement un acquis.
Prendre en compte les spécificités, au cas par cas, de chacun des métiers qui sont exercés en Gendarmerie serait alors de bon ton, pour amorcer une réforme qui sinon ne serait qu’une renonciation de plus aux promesses tenues.
Un contrat vous diront certains, est un contrat. Celui du métier de gendarme change bien trop souvent.
Un moral dans les chaussettes
Il est utile de rappeler que les départs de l’institution sont plus nombreux actuellement. Qu’on entend souvent dire en OFF » je pense partir ». Que les suicides sont légions et que pour le moment, ce terrain reste fragile tant les avancées sur le sujet sont délicates.
Cela est dû à la pénibilité du métier. Aux efforts des familles au quotidien. Ce qu’elles consentent à accepter pour de meilleurs lendemains . La retraite en fait partie.
Le budget, encore lui.
Les gendarmes doivent faire mieux avec moins et sont souvent la solution d’ajustement pour ce qui est du budget. Ce n’est pas une nouveauté. Alors quid de la réforme sur la retraite ? Va-t’elle aggraver la situation ? Vont-ils une nouvelle fois être cette variable d’ajustement tant redoutée ou bien, seront-ils logés à la même enseigne que les autres ?
Le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul DELEVOYE, va présenter ses préconisations ce jeudi 18 Juillet. Un rapport très attendu par l’ensemble de la profession. Mais à quoi faut-il s’attendre vraiment ?
Quelles certitudes ?
Aux dernières nouvelles, il ne risque plus de voir sa réforme éclipsée par des mesures d’économie dans le budget de la Sécurité sociale cet automne. Il sera donc en première ligne pour expliquer les enjeux de la réforme des retraites et préparer au mieux ses explications pour adoucir la pilule.
Il reste toutefois de nombreuses réponses qui sont encore attendues, comme la conversion des droits acquis. La seule certitude, c’est le passage aux points. Mesure considérée comme la plus juste.
Les partenaires sociaux ont réussi à se faire entendre sur le dossier de la Sécurité Sociale, le premier ministre ayant renoncé à une réforme pour 2020. Les mesures d’économies seront elles, incluses dans un vaste projet de loi sur les retraites, que la ministre des Solidarités, Agnès Buzyn, devrait présenter aux français à la fin de l’année.
L’objectif n’est plus donc, de mettre à contribution l’assurance-vieillesse pour boucler le budget, mais bien de rééquilibrer le système de retraite avant la bascule vers le régime universel par points, en 2025.
Convaincre que la réforme sera plus juste est nécessaire.
Il faut bien admettre, que pour Jean-Paul DELEVOYE, c’est plutôt une bonne nouvelle. Cela lui dégage la voie pour mettre en place un régime plus juste, solidaire et durable, par la mise en place d’un système par points qui se veut plus lisible.
Il a consulté durant un an les organismes sociaux et les syndicats pour aboutir à ce projet de réforme. Il a donc une idée de la présentation à donner pour le 18 Juillet et ainsi, contenter un maximum de personnes et de syndicalistes (syndicats de Police en tête) pour éviter de grosses vagues.
Et la base dans tout ça, a t’elle été entendue ?
On ne peut que regretter que le haut commissaire, qui se targue d’avoir rencontré la plupart des acteurs sociaux, n’ait pas accepté de rencontrer les APNM et se soit contenté d’être invité par le CFMG pour débattre de la situation des gendarmes.
Dans la mesure où les syndicats n’existent pas en Gendarmerie, elles n’ont pas pu discuter sur le fond du débat, ni peser dans les décisions concernant la future réforme, cela reste une lacune dans ce genre de situation. Les APNM sont pourtant la solution. Elles représentent l’active !
Que va-t’il en ressortir de cette rencontre avec le CFMG ?
Personne ne le sait vraiment. Peu de choses ont transpiré de cette rencontre et on peut légitimement être en droit de penser que de n’écouter qu’un son de cloche ne suffit pas pour apprécier l’ensemble de la profession. Il est évident qu’il y aura alors des manques à palier et des vides à combler.
De plus, il est là encore dommage, que la consultation auprès des forces de l’ordre, lancée par le député FAUVERGUE intervienne si tardivement dans ce calendrier si spécifique. Il aurait été bon de voir ce qu’il en serait ressorti sur le sujet des retraites.
Ne pas écouter les APNM, c’est alors ne pas écouter « la base » qui souffre au quotidien, notamment de ne pas être entendue plus souvent. Les APNM sont plutôt représentatives de celle-ci et aurait eu leur mot à dire. C’est à nos yeux « un raté » dans la procédure d’accompagnement souhaité par le haut commissaire comme par l’exécutif.
Dans une décote qui ne dit pas vraiment où elle va ni qui elle est, l’urgence, c’est l’écoute.
L’exécutif qui est sur le grill depuis un moment, a manqué de saper la réforme. Celui-ci, en quête d’une mesure sur l’âge ou bien sur une durée empêchant les assurés de partir trop tôt, a dû, là encore, réviser sa copie. Le départ « à la carte » de Jean-Paul DELEVOYE serait peut-être une solution pérenne.
Mais nous avons pu voir que la réforme n’est pas allée sans mal, puisque le sujet de la pension de réversion est venu s’inviter dans les débats avant même la sortie du projet. C’est dire si la tension est à son comble.
Une réponse attendue mais redoutée par beaucoup.
Une réforme oui, mais pour quoi faire et surtout pour qui ? Il faut que la réforme tienne compte de toutes les spécificités de l’Arme pour convaincre. Un système à points se ramène à l’équilibre tout seul selon les experts. Si on a peu cotisé, on aura alors tendance à partir plus tard.
Mais ce système est basé sur la vie civile. Là encore, les militaires eux, ont un cahier des charges un peu particulier et la crainte tient en deux axes majeurs : Spécificité et prise en compte de la pénibilité.
Une mauvaise réforme reviendrait à détruire les efforts entrepris ces derniers temps pour améliorer le quotidien sur le plan matériel et du logement. Il reste déjà beaucoup à faire dans ces domaines. Attention donc au retour de bâton. Ecouter les APNM après coup, reviendrait à dire qu’on aura d’abord manqué le premier virage.
Crédit photo : La Voie du Nord.