Frédéric Veaux et Christian Rodriguez, les directeurs de la police et de la gendarmerie nationales, ont été auditionnés mercredi 22 avril par la commission des Lois de l’Assemblée nationale.
Ils ont fait le point sur le respect du confinement, sur la mobilisation des forces de sécurité ainsi que sur les moyens dont disposent ces dernières pour réaliser leurs missions.
Par ailleurs, ils ont également dressé un état des lieux de la délinquance depuis le début du confinement.
Gravité des faits assez faible
Concernant les violences urbaines dans l’agglomération parisienne le directeur général de la police nationale les relativise « Si on regarde les statistiques, on est plutôt sur un nombre inférieur par rapport à la même époque de l’année dernière et pour des faits qui, même s’ils sont condamnables, ne sont pas d’une gravité exceptionnelle », a expliqué Frédéric Veaux aux députés de la commission des lois.
« Comparé à ce qui se passe malheureusement trop souvent et habituellement, on est sur un niveau de personnes impliquées et de gravité des faits qui est quand même assez faible », a aussi relativisé l’élu communiste de Seine-Saint-Denis, Stéphane Peu.
Délinquance en baisse
« Les mesures de confinement ont eu un impact positif sur l’évolution de la délinquance générale, les principaux indicateurs étant fortement orientés à la baisse par rapport à la même période de 2019 », a poursuivi le patron de la police nationale.
En effet, les délinquants « sont évidemment et heureusement eux aussi entravés dans leurs activités ». En revanche, des « escroqueries directement liées à la crise sanitaires ont été recensées au cours des dernières semaines » et « le nombre d’attaques cybercriminelles, relativement faible jusqu’au mois de mars, a nettement augmenté depuis la mise en œuvre des mesures de confinement ».
Des trafics de stupéfiants « bouleversés »
La plateforme Pharos, structure de la police spécialisée contre la délinquance en ligne, a ainsi recensé 1.794 infractions « en lien avec la pandémie que nous subissons », a expliqué Frédéric Veaux.
Le directeur général de la police nationale observe par ailleurs que les trafics de stupéfiants « ont été bouleversés par les conséquences de cette crise sanitaires ». Si « les produits stupéfiants sont toujours disponibles, notamment à l’étranger », les policiers observent que « le manque de disponibilité a entraîné une augmentation des prix au détail ». Les réseaux ont été obligés d’adapter à la situation « les circuits de distribution ».
Escroquer les gens
De son côté, la gendarmerie a également constaté de son côté l’apparition de sites créés pour « escroquer les gens », sur lesquels sont censés être vendus des médicaments très demandés comme de la chloroquine, mais aussi des masques ou du gel hydroalcoolique. « Nous en avons fait fermer 80 », a indiqué le directeur de la gendarmerie, le général Christian Rodriguez.
Hausse des violences contre les gendarmes
Plus inquiétant : le général Rodriguez observe une hausse impressionnante des violences physiques à l’égard des gendarmes : + 73 % par rapport à la même période en 2019 !
Dans le détail, ces violences ont augmenté de 36 % en métropole et de 241 % en outre mer. La situation à Mayotte, a- t-il expliqué, est particulièrement préoccupante et les gendarmes sont pris à partie quotidiennement sur cette île située dans l’océan Indien. Les violences verbales sont également en forte hausse : + 75 % en métropole et % 57 % en outre-mer.
Concernant les policiers, les outrages baissent de 11 % et les violences physiques et verbales de 23 %, a signalé Frédéric Veaux. « Globalement, dans le pays, les mesures de confinement sont plutôt bien respectées », poursuit le directeur de la police nationale.
La gendarmerie a réalisé pas moins de 8 millions de contrôles « avec un taux de verbalisation de 4,4 % », a indiqué le général Christian Rodriguez. Sur ce total, 116 contrôles ont fait l’objet d’un signalement à l’inspection générale de la gendarmerie nationale de la part de la personne concernée.
Mais, a-t-il assuré, une quinzaine seulement dénoncent le « discernement dont n’auraient pas fait preuve les gendarmes » lors de ces contrôles.
471 gendarmes testés positifs
Du côté de la gendarmerie, plusieurs dizaines de milliers de militaires sont quotidiennement mobilisés pour faire respecter le confinement. La réserve opérationnelle, forte de 30.000 personnels, « servira plus tard, lors de la phase suivante ».
« Pour être honnête, je pensais qu’on aurait un taux d’attrition beaucoup plus élevé, a expliqué le général Rodriguez. Je craignais vraiment que l’infection ne touche plus de monde.
En tout, 471 gendarmes ont été testés positifs au coronavirus et l’un d’eux est décédé. « Au plus fort, on a eu 2,3 % de gendarmes confinés, c’était tout début avril », a-t-il ajouté, précisant que ce taux était présentement de 0,68 %.
Dans la police nationale, « 8.596 agents ont été confinés au plus fort de la crise » parce qu’ils étaient « suspectés d’être contaminés ou d’avoir été en contact avec un malade », a indiqué aux députés leur patron Frédéric Veaux, soulignant que « plusieurs initiatives ont été prises pour protéger la santé des personnels ».
1,6 million de masques chirurgicaux ont été distribués dans les services de police « sur un stock qui s’élève aujourd’hui à près de 5 millions », ainsi que 60.907 litres de gel hydroalcoolique, assure-t-il.
En outre, 78.800 lunettes de protection ont été commandées dont 42.337 ont déjà été livrées. Enfin, le ministère de l’Intérieur a commandé 10,4 millions de gants. Le DGPN indique toutefois avoir un « point de désaccord » avec les organisations syndicales concernant « les conditions de port du masque ».
Le Masque en gendarmerie
Le général Christian Rodriguez a rappelé aux députés la doctrine mise en place par le ministère de l’Intérieur « Quand les gendarmes se sentent menacés, ils mettent le masque.
En revanche, ce que je leur ai dit dès le début, c’est qu’un masque porté de manière préventive ne sert à rien. Voir deux gendarmes dans une voiture avec un masque, je trouve ça ridicule. Il faut vraiment travailler sur les gestes barrières. » Il a indiqué que chaque gendarme « consomme un peu moins d’un masque et demi par semaine ».
L’institution en a déjà reçu 2,3 millions. « Ça permet d’en avoir dans toutes les brigades et d’avoir des stocks pour tenir dans la durée. » En outre, 48.250 visières « ont été données ou achetées localement », un matériel, a-t-il dit, qui « marche plutôt bien ».
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