Après une demi-journée de pédagogie. Les gendarmes et les policiers se déploient ce mercredi pour faire respecter désormais un confinement général strict. A présent. Ils vont contrôler toutes celles et ceux qui auront de vraies raisons de se déplacer plus loin que le bout de leur quartier ou de leur village.
Contrôles routiers renforcés
Comme beaucoup de travailleurs ne veulent plus prendre les transports en commun, il y aura beaucoup plus de monde dans les voitures. C’est la motivation de leurs déplacements que les gendarmes et les policiers veulent d’abord strictement contrôler.
À nouveau lors de la pause déjeuner, pour ceux qui ne feraient que des demi-journées. Puis enfin lors des retours en fin d’après-midi et début de soirée. Là encore, si la pédagogie a en premier lieu primé, c’est à présent au Ronds-points, nationales, sorties d’autoroute, tous les points de passage obligés vers et à la sortie des grandes agglomérations qui seront occupés par les forces de l’ordre, comme l’a précisé sur France Inter la porte-parole de la gendarmerie nationale Maddy Scheurer.
Pour ces contrôles postés à points fixes, le visionnage rapide des attestations d’employeurs et des papiers d’identité suffiront. « Même à travers la vitre », expliquent les motards de la gendarmerie, qui ont déjà dû faire face à plusieurs refus d’ouvrir les fenêtres des voitures.
Ne pas « jouer trop longtemps »
Visant les automobilistes qui chercheraient à contourner les interdictions et qui tombent sous le coup des verbalisations,. »Il ne faudra pas jouer trop longtemps », prévient un haut gradé :
» Chacun doit rester fixé dans son département. »
Face à des travailleurs du bâtiment qui s’entasseraient dans une camionnette. On leur demandera de porter leur « groin » – le nom donné à ce masque de chantier contre la poussière -, « un minimum ».
Quant aux quartiers où des jeunes continuaient à se rassembler hier pour discuter, pour jouer au basket ou au foot. « On va y aller en douceur mais de plus en plus fermement », poursuit le haut gradé francilien.
« Pour celles et ceux qui n’auront pas vraiment compris dans les jours à venir. Je pense que l’on sera plus crédible avec les amendes à 135 euros à venir. »
Le préfet de Paris Didier Lallement l’a annoncé lui-même ce mardi. Plus de 3000 policiers mettront la capitale sous cloche aux « heures de pointe », sur 150 points de contrôle fixes. Métros, gares, entrées et sorties du périphérique. Le préfet a adopté un ton devenu habituel ces derniers mois. « Vous me connaissez, je vais faire comprendre assez vite les consignes ». Cela sonne donc la fin de la pédagogie.
La vidéo surveillance comme mode d’alerte
Dans toutes les agglomérations grandes et moyennes, toutes celles qui relèvent de la « zone police », les mêmes schémas seront mis en place, avec des patrouilles mobiles et des points de contrôles fixes sur des axes stratégiques.
Un haut cadre du ministère de l’Intérieur confirme que la pédagogie et le ton conciliant de ce début de semaine devraient rapidement changer si les agents tombent sur des adultes ou des adolescents à la mauvaise foi évidente.
Pour les éventuels rassemblements ou les files d’attente devant les commerces de bouche et les pharmacies, où ne serait pas respecté le déjà fameux « mètre d’écart » entre les clients, la vidéo protection des municipalités pourra orienter les patrouilles.
L’autre grand objectif du déploiement massif des forces de l’ordre, c’est de surveiller les commerces qui ont fermé depuis le weekend dernier, pour les protéger des vols.
Cette protection concerne aussi ceux qui sont ouverts et les centres d’approvisionnement souvent situés dans des zones industrielles désormais désertées.
La sécurité des policiers en question
Des syndicats de policiers ont haussé sérieusement le ton. Menaces d’exercer leur droit de retrait, tracts incendiaires pour demander où sont « ces putains de masques » : les gardiens de la paix n’ont pas vraiment apprécié les propos de la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, expliquant que la dotation des forces de l’ordre en masques de protection n’est pas prioritaire.
Bien qu’acceptant qu’ils ne soient évidemment pas prioritaires vis-à-vis des personnels soignants, les policiers veulent néanmoins pouvoir disposer de quelques masques dans les accueils de commissariats et dans les voitures de patrouilles, au cas où une intervention s’avèrerait sensible et où il ne serait pas possible de garder une distance d’un mètre avec la personne contrôlée. « Comme si les policiers étaient déjà immunisés ! », dénonce le syndicat Alternative police. L’UNSA brandit le droit de retrait si rien n’est fait, Alliance promet « d’entrer en résistance si jamais rien ne change ce mercredi » et SGP force ouvrière Police ne décolère pas sur l’absence de consignes claires et nettes.
- Coronavirus : les laboratoires de la police et de la gendarmerie mobilisés
- Prison ferme pour avoir toussé sur des gendarmes
- Femmes de Forces de l’Ordre en colère
- Contrôlée, elle tousse au nez des gendarmes
- GendLifeTv, la chaîne Youtube pour mieux vivre le confinement
Source : France inter