L’ensemble des commandants de région, groupements et formations assimilées étaient réunis, jeudi 19 décembre, à Issy-les-Moulineaux, pour le premier séminaire de commandement du Général d’armée Christian Rodriguez. L’occasion pour lui de présenter les prochains axes stratégiques de la Gendarmerie.
À l’occasion de ce rendez-vous désormais traditionnel, le Général d’armée Christian Rodriguez, qui présidait son premier séminaire commandement en qualité de directeur général, a tout d’abord dressé un état des lieux de la société dans laquelle évolue et intervient la Gendarmerie.
Il a ainsi évoqué une Nation de plus en plus fragmentée territorialement, mais également par un communautarisme prégnant et une inégalité d’accès aux services publics ; un modèle de société où progresse la violence, ciblant particulièrement les forces de l’ordre ; une évolution technologique imposant plusieurs défis, que ce soit en termes d’innovations ou de territoire d’intervention.
Soulignant la capacité d’action, d’adaptation et d’innovation de la Gendarmerie, Christian Rodriguez a insisté sur la nécessité d’« investir sur une stratégie et des enjeux de longs termes », afin de pouvoir faire face à ce contexte sécuritaire.
Le directeur général de la Gendarmerie a indiqué le cap qu’il entend fixer à l’institution pour les cinq années à venir, « dans le prolongement » de ce que ses prédécesseurs ont largement initié.
Soutenue par la mise en place d’un nouveau service de la transformation, l’ambition « GEND 20.24 » repose sur les deux grands principes qui guident l’action de la gendarmerie : la population, au cœur des préoccupations et le gendarme, au cœur de l’exécution de la mission, du fonctionnement de l’institution, de l’attention des chefs et, bien-sûr, au cœur de la transformation.
Ainsi, l’objectif des principaux chantiers et propositions en cours et à venir est « d’être à la hauteur des quatre missions assignées à la gendarmerie » : la sécurité du quotidien, la sécurité des mobilités sur toutes les voies de communication, la sécurité en temps de crise face au spectre des menaces majeures et, enfin, la sécurité des « nouvelles frontières », sur les territoires physiques comme numériques.
« Pour s’adapter à ce contexte social, territorial et technologique, j’ambitionne une transformation collective et responsable, mettant l’anticipation au centre de la réflexion », a annoncé le directeur général, précisant que celle-ci devra se conduire « par le dialogue et par la conviction », avec un nécessaire exercice d’explication, à l’attention des gendarmes, des cadres ainsi que des élus.
Cette transformation couvre quatre piliers d’action. Tout d’abord, la construction d’une « offre de protection sur mesure » pour répondre aux attentes de la population et garantir la proximité. Pour le général Rodriguez, il faut également « proposer une approche par offre de sécurité », qu’il s’agisse des territoires, pour lesquels sera créé un pôle des territoires intelligents.
Et pour ce faire, « il faut continuer de moderniser nos modes d’action », s’agissant particulièrement de la capacité d’intervention de la Gendarmerie, avec la généralisation des dispositifs de gestion des événements et des dispositifs d’action interdépartementale, le développement du rôle des CORG ou encore l’accentuation du rôle des réserves.
Enfin, pour offrir une sécurité adaptée à une société connectée, le général Rodriguez a annoncé, dans la droite ligne de la création des sections opérationnelles de lutte contre les cybermenaces, la mise en place d’antennes du C3N et d’un réseau de cyberprévention dans chaque département.
Le deuxième axe d’effort de cette transformation est de développer une « Gendarmerie à hauteur d’hommes. […] Nous devons poser les bases d’une communauté de la transformation, qui doit faire vivre concrètement les réflexions et les évolutions, à travers tous les innovateurs de la gendarmerie. C’est donner à nos gendarmes les moyens d’innover et de partager », a-t-il souligné, annonçant la création, dès 2020, d’une « plateforme d’intelligence collective », ainsi que des collèges d’observateurs nationaux et locaux. Un esprit de modernisation qui concernera également les directions et les états-majors, à l’instar du programme « DGGN agile ».
La transformation est également empreinte d’une responsabilité sociale, pleinement illustrée par le projet de transformation pour les ressources humaines qui sera dévoilé en février prochain, mais également environnementale, en adaptant les moyens de fonctionnement aux impératifs de l’urgence écologique.
Introduisant le troisième pilier d’action, le directeur général a mis en avant la nécessité de s’atteler à l’expansion technologique, en lien avec les industriels, avec lesquels « je souhaite fonder une nouvelle relation, avec une logique d’incubation […] pour développer rapidement des solutions simples et efficaces. C’est l’esprit Fab Lab, qu’on appellera Gendfactory ».
Le quatrième pilier de cette transformation reste l’allègement de la contrainte : « Il faut toujours se demander si nos ressources sont bien employées, [en termes d’effectifs comme de budgets]. La réflexion capacitaire prime. […] C’est à la fois un déterminant et un levier de la transformation. »
Alors, pour trouver des marges hors des crédits budgétaires, le général Rodriguez a annoncé la création d’une « task force soutien à l’innovation ». Et d’évoquer également la mise en place d’une stratégie de la donnée avec, à l’instar de la généralisation de l’analyse décisionnelle, la mise en place de la gestion électronique des documents et données ,ou encore la numérisation de l’espace des opérations pour assister le décideur.
« Cette ambition ne peut être que collective, a-t-il insisté, en conclusion de son propos. Son approche se fonde sur un esprit simple mais exigeant : Pour la population, par le gendarme. »
Intervenant en clôture du séminaire, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner a renouvelé toute sa confiance au directeur général ainsi qu’au major général, et à travers eux à toute l’institution, face aux défis qui les attendent en termes de Sécurité intérieure.
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