Une étude menée par la Défenseure des droits révèle des « défaillances persistantes » dans l’accueil du public en commissariats et gendarmeries, mettant en lumière une professionnalisation insuffisante, notamment pour les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles. Bien que des progrès aient été réalisés depuis les années 2000 pour améliorer l’accueil des usagers, des obstacles importants persistent, entravant l’accès à un service public équitable et de qualité.
Deux ans d’étude
Cette étude, réalisée sur plus de deux ans par des chercheurs du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP), a examiné l’accueil dans les services de police et de gendarmerie à travers des entretiens et des enquêtes de terrain. Les résultats soulignent que, malgré des efforts de professionnalisation (charte d’accueil, référents, brigades spécialisées), les services de sécurité sont souvent confrontés à des ressources matérielles et humaines insuffisantes. Les locaux sont inadaptés et la mission d’accueil est parfois négligée dans les formations des agents, qui privilégient l’intervention immédiate et la judiciarisation des affaires au détriment de la qualité de l’accueil.
Diversité des publics
Le rapport insiste sur la diversité des publics rencontrés par la police et la gendarmerie, incluant des victimes de violences sexistes et sexuelles, des jeunes issus des quartiers populaires, ainsi que des personnes étrangères en situation irrégulière. Ces groupes rencontrent fréquemment des difficultés pour accéder à un accueil digne et adapté, allant de l’absence d’interprètes à des stéréotypes sexistes, en passant par le rejet ou l’incapacité de considérer certaines personnes comme victimes potentielles. Ce phénomène est particulièrement marqué pour les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles, qui subissent parfois des humiliations supplémentaires ou une victimisation secondaire.
L’étude montre également que, bien que des mécanismes de prise en charge aient été mis en place, ils restent inégaux en fonction des territoires et des services. Si certains commissariats ont des référents ou des psychologues, ce soutien est parfois insuffisant ou mal réparti. En conséquence, de nombreuses victimes, notamment de violences sexistes et sexuelles, renoncent à solliciter les forces de l’ordre, ne se sentant pas écoutées ou prises en charge adéquatement.
Conclusions
La Défenseure des droits souligne qu’un renforcement des moyens humains et matériels, ainsi qu’une meilleure formation des agents de police et de gendarmerie, sont nécessaires pour garantir un accueil homogène et de qualité. Il est aussi crucial d’évaluer de manière régulière l’accueil dans les différents services, afin de s’assurer que l’accès à la justice soit équitable et sans discrimination pour tous les usagers, en particulier les plus vulnérables. Des progrès ont été réalisés, mais des efforts soutenus sont indispensables pour répondre pleinement aux besoins de la population.