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Le patron de la gendarmerie alerte sur le risque d’une guerre en France

Le 19 janvier 2025, le général Hubert Bonneau, directeur général de la Gendarmerie nationale française (DGGN), a adressé une lettre interne à ses effectifs, dévoilée par Le Monde et Intelligence Online. Ce courrier, sombre et stratégique, interpelle par sa mise en garde explicite contre la « possibilité d’un conflit armé » sur le territoire français. Cette communication, bien qu’inédite par son ton et ses priorités, a suscité des réactions mitigées au sein de la gendarmerie, en raison de son contraste avec les préoccupations opérationnelles actuelles.

Une alerte sur le spectre d’un conflit armé

Le général Bonneau affirme que la situation sécuritaire actuelle impose une réflexion sérieuse sur l’éventualité d’un conflit armé, en particulier à la lumière des répercussions de la guerre en Ukraine. Selon lui, l’invasion russe de 2022 a marqué un tournant stratégique, obligeant la France et ses partenaires européens à renforcer leur autonomie en matière de défense, surtout dans un contexte d’incertitudes politiques aux États-Unis pouvant affecter la cohésion de l’OTAN.

Dans cette perspective, le général Bonneau évoque l’importance de la Défense opérationnelle du territoire (DOT), un dispositif stratégique visant à protéger le territoire national et à assurer la continuité de l’État en cas de conflit ou de crise majeure. Il insiste sur le rôle de la gendarmerie, une force militaire par statut, dans la préparation à un « engagement majeur » en France ou dans les territoires d’outre-mer. Cette préparation passe par une montée en compétences tactiques et opérationnelles des 135 000 gendarmes d’active et de réserve, afin qu’ils puissent répondre efficacement à des situations de crise nationale.

Une vision stratégique accueillie avec circonspection

Malgré l’urgence et la gravité des propos du général Bonneau, certains cadres de la gendarmerie ont exprimé des doutes sur la pertinence de cette priorité. Un responsable, s’exprimant anonymement auprès de l’AFP, a souligné un « contraste énorme » entre la réalité des missions quotidiennes des gendarmes et les orientations stratégiques évoquées dans la lettre. Selon lui, les préoccupations majeures restent liées aux moyens alloués : les brigades mobiles, les véhicules opérationnels, et la présence sur le terrain. De plus, il estime que la préparation à une guerre relève davantage des forces armées, et non de la gendarmerie, laquelle dépend du ministère de l’Intérieur.

Les autres priorités : lutte contre la criminalité et renforcement des capacités

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Outre la question de la DOT, le général Bonneau aborde d’autres priorités stratégiques pour la gendarmerie. La lutte contre la criminalité organisée et les narcotrafics occupent une place centrale dans sa réflexion. Il annonce la création d’une Unité nationale de police judiciaire de la gendarmerie, dirigée par le général Sylvain Noyau, qui devra renforcer l’efficacité de l’action dans ce domaine. Cette nouvelle structure vise à obtenir des résultats concrets et durables face à des réseaux criminels de plus en plus sophistiqués.

Dans le domaine du renseignement, le général Bonneau insiste sur la nécessité de préserver les équilibres institutionnels existants. Il s’agit de renforcer l’efficacité des opérations sans remettre en question les collaborations interservices ni les structures en place, cruciales pour maintenir une coordination optimale entre les différents acteurs de la sécurité intérieure.

Les contraintes budgétaires au cœur des préoccupations

Le général Bonneau met également en garde contre les limitations budgétaires. Il appelle à des « choix et des priorisations » pour concilier les ambitions stratégiques et les ressources disponibles. Il exprime le souhait que le budget de 2025 reprenne les grandes lignes du projet de loi de finances élaboré par le gouvernement Barnier, prévoyant une hausse des dépenses de défense à 50,5 milliards d’euros conformément à la Loi de programmation militaire (2024-2030).

Cependant, cette vision se heurte à des contraintes opérationnelles immédiates. Plusieurs cadres s’inquiètent de la capacité à financer des projets fondamentaux pour le fonctionnement quotidien des brigades. Ces préoccupations soulignent une tension entre la vision stratégique portée par la DGGN et les réalités opérationnelles auxquelles font face les unités de terrain.

Contexte et enjeux : une approche multiforme des menaces

Le général Bonneau inscrit son analyse dans un contexte de menaces multiformes pesant sur la sécurité nationale. Il évoque la présence de « différents acteurs et compétiteurs », notamment dans les territoires d’outre-mer, qui cherchent à déstabiliser la Nation. Ces menaces, qu’elles soient d’origine étatique, criminelle ou terroriste, nécessitent une approche globale combinant défense militaire et sécurité intérieure.

Cette vision reflète une évolution de la doctrine sécuritaire française, où la distinction entre menace extérieure et menace intérieure tend à s’estomper. La gendarmerie, en tant que force à double statut (militaire et civile), est appelée à jouer un rôle pivot dans cette nouvelle configuration, notamment grâce à ses capacités de projection rapide et sa présence sur l’ensemble du territoire.

Un message d’unité et de responsabilité

Malgré les critiques et les interrogations suscitées par cette lettre, le général Bonneau cherche avant tout à mobiliser les troupes autour d’un projet commun. Son message est clair : la gendarmerie, en tant que pilier de la sécurité nationale, doit être prête à répondre à toutes les menaces, y compris celles relevant de la défense territoriale. Il appelle ses effectifs à renforcer leur cohésion avec les armées, afin de faire face aux défis à venir dans un esprit d’unité et de responsabilité.

Rédigé par pandore

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