Le rapport de la Cour des comptes, publié le 21 octobre 2024, évalue l’efficacité de la police à Marseille et souligne plusieurs défis importants en matière de sécurité. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait promis 350 policiers supplémentaires, mais cette augmentation n’est pas visible dans les effectifs réels, suscitant des critiques sur l’efficacité des mesures annoncées.
Marseille : une ville en crise sécuritaire
Le rapport qualifie Marseille de « ville hors norme », avec des taux élevés de chômage (9,3 %), de pauvreté et de délinquance. La ville est classée troisième en Europe pour le sentiment d’insécurité, derrière Athènes et Rome. Le narcotrafic y a explosé, avec une augmentation massive des homicides, des cambriolages, et surtout du trafic de stupéfiants, multiplié par quatre en sept ans. Ce commerce attire de plus en plus de jeunes, grâce à des salaires élevés offerts aux acteurs du réseau (guetteurs, vendeurs, etc.).
Priorité au narcotrafic, au détriment d’autres délits
La lutte contre le narcotrafic est au cœur de l’action policière à Marseille. Des opérations comme « place nette » ont permis de démanteler
40 % des points de vente de drogue depuis 2020. Cependant, cette focalisation sur les stupéfiants a laissé la petite délinquance (vols, escroqueries) largement délaissée, avec une accumulation de 91.000 affaires non résolues en 2023. L’organisation criminelle autour de la drogue reste puissante et génère des conflits violents entre clans.
Défis pour les forces de l’ordre
Les policiers marseillais font face à une surcharge de travail avec un solde de 268 833 heures supplémentaires non compensées en 2023. Le manque d’attractivité du métier à Marseille, marqué par des conditions de travail difficiles et un coût de la vie élevé, entraîne un départ massif de policiers (environ 300 par an) et un recrutement insuffisant pour compenser ces pertes. Malgré des promesses politiques, les effectifs restent quasiment stables depuis 2016.
Recommandations
Le rapport de la Cour des comptes recommande une meilleure coopération entre la police nationale et la police municipale, dont les effectifs sont en voie de doubler. Il appelle également à une réorganisation des services de l’État et une coopération renforcée avec les pays étrangers pour contrer l’internationalisation du trafic de drogue. Enfin, il insiste sur la nécessité de privilégier des actions de fond, moins médiatisées mais plus efficaces à long terme.