pandore
Au lendemain de la libération du militaire du GIGN qui a effectué le tir entraînant la mort d’Henri Lenfant en septembre 2018, le parquet général annonce son intention de faire appel. Une victoire pour les proches de la victime.
Un nouveau procès sera donc organisé. Un jour après l’acquittement d’Alexandre B. par la cour criminelle du Pas-de-Calais, le parquet général déclare qu’il fera appel de cette décision. « Le procureur général près la cour d’appel de Douai précise qu’il interjette appel », communique la cour d’appel de Douai.
La cour d’assises du Nord, composée de 3 magistrats professionnels et de 6 jurés populaires, examinera cette fois-ci l’appel, abandonnant ainsi la cour criminelle départementale constituée uniquement de magistrats professionnels. Aucune date n’a encore été fixée.
L’appel est déposé dès le premier jour du délai, signifiant que pour le parquet, l’absence de recours était inenvisageable. « Je salue cette décision et elle me semble parfaitement en accord avec les réquisitions détaillées du procureur général », déclare Maître Alban Deberdt, l’avocat des parents d’Henri Lenfant.
Cette nouvelle est accueillie comme un soulagement par la famille d’Henri Lenfant, qui avait exprimé sa colère dans la salle des pas perdus du palais de justice de Saint-Omer lors du prononcé du verdict. « Mes clients craignaient que cette décision soit irrévocable et qu’aucune nouvelle cour ne puisse examiner cette affaire à nouveau », déclare leur avocat, Maître Alban Deberdt. « Ils sont satisfaits de voir que le parquet les écoute et souhaite faire entendre leur voix ».
L’avocat du gendarme, contacté par téléphone, qualifie la décision de regrettable. « Nous sommes naturellement déçus de constater que le parquet maintient une position qui lui est propre », réagit Maître Sébastien Busy. « Cependant, nous avons nos convictions et nous plaiderons à nouveau si nécessaire ».
Un père de famille de 22 ans décède lors d’une opération du GIGN Le 28 septembre 2018, les gendarmes d’élite sont sollicités en renfort par les enquêteurs de la gendarmerie d’Arras pour appréhender trois individus soupçonnés de vols aggravés. Pendant l’intervention sur un parking de Fouquière-lès-Lens (Pas-de-Calais) peu après 3h30 du matin, un homme parvient à s’échapper, un deuxième est appréhendé après avoir tenté de fuir. Henri Lenfant, père de famille de 22 ans, demeure agrippé au volant de la BMW, moteur éteint.
Le gendarme Alexandre B. entre par la porte passager, essaye de mettre le frein à main et d’extraire la clé du contact en vain. Le véhicule démarre brusquement et le gendarme, agenouillé sur le siège, tente d’arrêter la course du véhicule avant de tirer une balle à bout portant à l’arrière du crâne du jeune homme. « C’était lui ou moi », explique ultérieurement Alexandre B. aux enquêteurs, plaidant constamment la légitime défense.
2 années de prison réclamées… un acquittement prononcé La légitime défense est rejetée par l’avocat général lors du procès. Le jeudi 22 février 2024, il demande à la cour de condamner l’adjudant Alexandre B. à 2 années de prison, des réquisitions sans équivoque. « Peut-on affirmer sans la moindre contestation qu’il était absolument dans son droit d’utiliser son arme à feu pour éliminer la menace et qu’il était en état de légitime défense ? La réponse est négative », déclare-t-il, étayant ses arguments : « Henri Lenfant n’était pas armé, son comportement n’était pas agressif, aucun militaire n’était dans une position où il aurait pu être écrasé, et Alexandre B. avait choisi de pénétrer armé à l’avant du véhicule, en dépit des règles enseignées par l’institution ».
Source photo : France3
