Le procès des attentats de Trèbes et Carcassonne en 2018, qui ont fait quatre morts, dont le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, a pris fin ce soir, 23 février 2024, avec des peines allant jusqu’à quatre ans de prison prononcées par la cour d’assises spéciale de Paris. Sept accusés, jugés depuis fin janvier, ont été condamnés après cinq semaines d’audience.
L’enquête a démontré que Radouane Lakdim, l’assaillant, avait agi seul, bien que son fort radicalisme et son aversion envers les forces de l’ordre, les homosexuels et les « mécréants » étaient connus de son entourage.
Aucun des accusés n’a été jugé pour complicité. Les peines prononcées vont de six mois à quatre ans de prison ferme, bien en deçà des réquisitions du parquet. Quatre des cinq accusés jugés pour association de malfaiteurs terroriste ont été acquittés, à l’exception de Marine Pequignot, la petite amie radicalisée de l’assaillant. Elle a été condamnée à 5 ans de prison, dont deux avec sursis probatoire, pour « association de malfaiteur terroriste ». Une peine assortie d’une mesure socio-judiciaire pendant deux ans, et d’une injonction de soins pendant trois ans.
Les autres prévenus ont respectivement été condamnés à des peines allant de deux à quatre ans de prison ferme, notamment pour « délit de transport et détention d’armes », « non-dénonciation de crime terroriste » et « provocation à des actes de terrorisme ».
Le réquisitoire était beaucoup plus sévère
Les avocates générales avaient requis des peines allant jusqu’à 11 ans de réclusion criminelle. La peine la plus lourde, 11 ans, avait été demandée contre Marine Pequignot, la petite amie de l’auteur des attentats. Samir Manaa, décrit comme l’ami quotidien de Lakdim, faisait face à une demande de dix ans de réclusion criminelle. La cour avait été avertie d’un possible « décalage » entre l’horreur initiale des faits et les peines finalement prononcées.
Le verdict de ce procès soulève des questions sur la complexité de juger les proches des terroristes et met en lumière la délicate balance entre la justice et la compréhension des influences qui peuvent conduire à de tels actes. Les réactions divergentes face aux peines prononcées soulignent la sensibilité et la complexité entourant les affaires de terrorisme, où l’émotion des événements tragiques peut entrer en conflit avec la nécessité d’une justice équitable.
Il n’y a « personne dans le box » pour payer « le prix fort, le juste prix en réparation de ce qui a été commis », avait dit Alexa Dubourg, l’une des avocates générales. Même si « c’est difficile pour les victimes », les accusés ne peuvent pas porter « le poids de l’absence » de Radouane Lakdim, a souligné le ministère public.