Dans son réquisitoire, auquel nos confrères du journal « Le Monde » ont eu accès, le procureur chargé d’examiner l’appel déposé par la famille d’Adama Traoré a reconnu un « lien de causalité entre les manœuvres réalisées par les militaires de la gendarmerie » et la mort du jeune homme de 24 ans, le 19 juillet 2016.
C’est une avancée pour la famille Traoré, avant la décision qui sera rendue en appel, le 16 mai prochain, sur l’ordonnance de non-lieu en faveur des gendarmes qui avait été prononcée l’été dernier.
Toutefois, pour le magistrat, l’interpellation d’Adama Traoré ne serait pas la cause principale de son décès. Car le jeune homme de 24 ans « souffrait d’une hypoxie sévère et un processus létal était déjà enclenché, lié à un coup de chaleur« , a-t-il pointé, avant de développer : « Cette asphyxie de contrainte, compte tenu de sa courte durée et des modalités d’intervention des forces de l’ordre, n’aurait pas dû avoir une issue fatale. De multiples facteurs ont conduit au décès de monsieur Traoré, qui était déjà très affaibli au moment de l’intervention des forces de l’ordre » et de conclure ainsi que « la première cause létale étant le coup de chaleur ».
En dépit de ce « lien de causalité établi » entre les gestes des gendarmes, et la mort d’Adama Traoré, alors qu’il avait pris la fuite lors d’un contrôle sur son frère aîné, le parquet général a demandé à la chambre d’instruction à ce que le non-lieu soit confirmé, estimant que « l’usage de la force était proportionné au regard du comportement qu’avait eu Monsieur Traoré dans le temps qui avait précédé son interpellation ». La décision sera donc rendue le 16 mai prochain.